LETTRE A UNE PETIOTE SUR L’ABOMINABLE HISTOIRE DE LA BOUFFE INDUSTRIELLE de Nicolas NICOLINO

Résumé éditeur :

Fabrice Nicolino s’adresse à une petite fille de trois ans pour lui parler alimentation. Il raconte notre histoire en une dizaine de chapitres, du paléolithique à aujourd’hui, en passant par les « grandes découvertes », comme la conserve, l’invention des abattoirs industriels, la constitution de groupes puissants, le poids de l’agroalimentaire en France, les effets du lobbyng, etc.

Fabrice Nicolino nous raconte une histoire, celle de l’Homme qui mange, la nôtre donc. En une dizaine de chapitres, du paléolithique à aujourd’hui, en passant par les  » grandes découvertes  » comme la boîte de conserve, l’invention des abattoirs industriels, la constitution de groupes puissants, le poids de l’agroalimentaire en France, les effets du lobbyng, etc. Deux chapitres plus positifs terminent cette histoire : l’un consacré au mouvement international Slow Food, l’autre à des régimes alimentaires, au Brésil et en Thaïlande, qui montrent leur supériorité sur la malbouffe industrielle. Le bilan est aussi instructif qu’effrayant, mais Fabrice Nicolino n’a pas perdu tout espoir, il a foi en cette petite fille et en sa capacité à faire de cette  » abominable histoire de la bouffe  » une  » belle histoire de la bouffe « .

★★★★★ Que du bonheur !

Critique :

Depuis quelques années, les livres expliquant la complexité de notre monde pullulent.
On a ainsi pu lire : « Le racisme », « La prière », « L’économie », « Auschwitz », « Le réchauffement climatique », « Les Gaulois », « Le sexe », « La corrida », « L’esclavage », « La culture », « La mort », « L’immigration », « Les mathématiques », « Le foot »… expliqués à ma fille.
Un grand doute m’a saisie et j’ai cherché « expliqué à mon fils ». Ouf, les garçons ont aussi leurs livres sur « La prière », « L’amour de la France » et « La faim dans le monde ».
Me voici rassurée.

Première constatation : les filles sont plus gâtées en ce qui concerne la production littéraire instructive, les garçons auraient-ils moins besoin de s’instruire ???
A réfléchir.

Tout ceci nous amène à « Lettre à une petiote sur l’abominable histoire de la bouffe industrielle », l’auteur, journaliste spécialisé, s’adresse là aussi à une jeune enfant sur un sujet super rigolo (!).

J’espérais, au cours des 12 courts chapitres un style pédagogique, comme celui qu’on utiliserait pour faire comprendre, faire passer des notions difficiles ou douloureuses à un jeune public sensible. Ce ne fut pas le cas, la petite fille n’est qu’un prétexte pour dire tout haut CE que peu savent. Le style reste celui utilisé par un adulte pour autres adultes. A ne pas offrir donc à votre petite nièce (pas « neveu » ils savent déjà presque tout), au risque de l’écœurer de la lecture pour les deux générations à venir.

Chacun des chapitres a pour titre une phrase ironique tournant déjà en dérision le monde agroalimentaire mondial actuel. Pas sûr qu’une enfant en saisisse l’humour : pour témoin « Pourquoi ils sont (pour le moment) imbattables », « Le joli temps des ingénieux ingénieurs »…etc.

Dans sa longue de lettre de cent pages, après quelques informations (très intéressantes) sur l’alimentation ancestrale que les premiers hominidés ont connue, il s’attaque aux trouvailles industrielles directement responsables de la malbouffe actuelle. Ça démarre en 1749 avec Nicolas Appert (La technique des conserves) en passant par Bayer, Monsanto… quelques armes chimiques recyclées pour faire pousser nos céréales dans les champs. Peu de personnes sont au courant (sauf si elles sont passées par ARTE ou La Cinq), et c’est bien regrettable.

Ensuite, les gros durs et méchants de l’agro alimentation sont passés au peigne fin, les transnationales, avec leurs petits et grands mensonges, les réunions importantes (plus maintenant) secrètes, les scientifiques à la solde de cette « maffia », les vrais scientifiques et leurs études (édifiantes) passées aux oubliettes. Bref… « La partie immergée d’un iceberg de combines et de pots-de-vin » déroutante, affolante, sidérante.

Puis, il montre de quelles manières le sucre, le sel et le (mauvais) gras sont portés en triomphe sur la place publique et leurs superpuissants lobbys. Les scientifiques qui s’en alarment en prennent plein la figure. C’est triste, très triste. Mais le descriptif des opérations (ratées pour les scientifiques, réussies pour les lobbys) sont intéressantes, voire éclairantes une fois encore.

Après, on nous annonce de brûle-pourpoint pourquoi  » Il n’existe pas de puissance industrielle supérieure à celle du lobby agroalimentaire ». Un petit temps de déprime m’a saisi, je l’avoue.
J’ai respiré profondément et suis repartie dans le livre pour un tour du côté des syndicats agricoles, et autres lobbyistes dans le même genre, quelques médecins et chercheurs ambigus (bien connus cependant à ceux qui ont déjà lu sur ce sujet, https://www.babelio.com/livres/Plichon-Le-livre-noir-des-medecins-stars/368928.

En 100 pages, ce petit livre se révèle un courageux et oh combien instructif ouvrage.
Son style, un peu journalistique, est rapide, mais méthodique, clair et impliqué.
Ici, tout est raconté sans tralala, et je me suis vraiment instruite avec frayeur mais plaisir.

Fabrice Nicolino a écrit d’autres manifestes aux sujets tout aussi passionnants et joyeux que celui-ci dans lesquels il nous dit tout, tout, tout ce qu’il y a à savoir sur le scandale des pesticides, le mal-être des agriculteurs (son mot c’est « le merdier »), les biocarburants, les coquelicots que l’on voudrait bien voir revenir, etc…

Dorénavant, j’offre « Lettre à une petiote sur l’abominable histoire de la bouffe industrielle » aux jeunes gens (mais pas enfants, ni ados) de mon entourage, car le vrai pouvoir c’est la connaissance, et je retourne à mes légumes de saison et céréales complètes. C’est aussi par la gastronomie (si, si) qu’on peut toucher ceux qui ne lisent pas (encore) ce genre de petit manifeste.

 

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