Créer sa vieillesse de Paule GIRON

Résumé éditeur

Comment inventer sa vieillesse ?
« Depuis que j’avance en âge, j’avoue que rien de ce que je découvre n’est conforme à ce que l’on en dit. Rien. » Partant de ce constat, Paule Giron, jeune auteure de 89 ans, tisse son propos pour cerner une question essentielle : comment créer sa vieillisse ? Comment l’inventer ? Les idées reçues sur la vieillesse sont nombreuses : on parle de la vieillesse comme s’il n’y en avait qu’une ; et tous les spécialistes des différentes disciplines ont quelque chose à en dire. Pourtant, la réalité du vieillissement est multiple.
Au fil de sa plume, l’auteure nous invite à la suivre à mesure qu’elle dresse les contours de son expérience de l’âge. Et au passage, point par point, elle met à mal tous les poncifs sur les vieux. Ainsi, pour elle, vieillir, ça n’est pas se définir par son passé ou ressasser les mêmes anecdotes : c’est prendre en compte autant ce qu’il y a derrière nous, que ce qu’il y a devant. Pour elle, il faut, aussi, cesser de croire que les vieux n’ont plus de désirs, plus de créativité, plus de vivacité.
En un mot : la vieillesse, c’est tout, sauf ce que l’on en dit. Une plongée rafraichissante et vivifiante à l’approche d’un sujet qui nous concerne tous. Tour à tour légère et piquante, la plume de cette auteure n’en finira pas de nous surprendre.

★★★★☆ Lecture agréable, fort plaisante…

Critique

« Créer sa vieillesse » quel titre intéressant me suis-je dit même si je ne suis pas encore arrivée à ce « stade » – là ? Une fois le livre réceptionné, le nom de la collection m’a bien fait rire avec un malin jeu de mots, puisqu’elle se nomme «Old-up ». Tout un programme s’annonçait déjà !

Ce petit livre, qui se lit très rapidement, a été écrit par une jeune auteure de 89 ans. Elle a été journaliste et n’en est pas à son premier livre ; le précédent a pour titre « Vieux et debout ! ». Paule Giron pleine d’entrain et à la capacité d’analyse dont bon nombre de jeunes gens manquent parfois cruellement a l’âme d’une militante. Cela se ressent dès le début de la lecture.
Pour information, cette collection (dirigée par d’anciens psy, médecins, fondateurs de revue…) est portée par une association du même nom et scande pour principal message « les vieux, levez-vous, reprenez la place qui est la vôtre, profitez des années qu’il vous reste au lieu de vous plaindre de vos rhumatismes et de la solitude, il y a tant à découvrir, à faire encore… ».

Dans ce livre, on nous explique tous les bons côtés de la vieillesse, sans nostalgie, ni mélancolie. Plutôt que ressasser le passé, il faut se « bouger » pour donner naissance à un nouveau cycle, avec des activités qui si elles seront forcément adaptées à l’âge ne manqueront pas de dégager une belle énergie. La vieillesse ça se visiterait, ça se dégusterait, ça s’inventerait au jour le jour, même avec peu de moyens.

L’auteure et érudite nous cite du beau monde : Tobie Nathan, Boris Cyrulnik, et j’en passe. Elle donne son avis sur la spiritualité laïque, le prêt-à-penser, le jeunisme, et introduit une partie « psy » qui m’a bien intéressée et qui résume, à mon avis, l’ensemble de la question. Elle nous propose, en fin de vie, de « partir à la recherche de notre âme ». C’est une mignonne proposition, mais, même si l’idée est gracieuse, je pense que ce type de démarche n’est pas accessible à tous, intellectuellement, pécuniairement.

Les chapitres sur « les mouroirs que sont les maisons de retraite », « les miroirs feutrés qui sont la honte d’une civilisation » sont touchants.
« Créer sa vieillesse » est un grand cri, un coup de gueule poli mais ferme pour ne plus considérer les vieux « comme des animaux ou des plantes » (!). J’ai apprécié l’engagement et le courage de cette vieille dame qui d’ailleurs a fait longtemps du bénévolat chez les malades du sida, puis dans les services de soins palliatifs. On sent un important niveau d’instruction et de mise à distance des débâcles de la vie. Ce n’est pas n’importe quelle personne qui peut parler de la vie après le décès de son époux en citant Baudelaire :
« Sois sage, ô ma douleur
Et tiens-toi plus tranquille… »

Autobiographie d’une éblouissante forme psychologique (à défaut d’une bonne forme physique ?), Paule GIRON met en exergue, sans le savoir, tout ce qui permet à Homo Sapiens de devenir très très vieux : donner du sens à sa vie (en écrivant des livres), continuer à faire travailler ses méninges (en se cultivant encore et encore), avoir une vie sociale (en rencontrant les copines et les copains lors des ateliers de l’association Old-Up), avoir de l’humour (« On se promène mieux quand on sait rire » dit-elle avec malice), aimer tout ce qu’on a décidé de faire (du plaisir qui booste le système immunitaire). CQFD.

J’ai vraiment apprécié cette courte lecture, car elle m’a revigorée, j’aurais aimé qu’elle dure plus longtemps, et que des précisions, des exemples, des détails soient donnés, développés. Non Madame GIRON, nous n’oublierons pas que   «  les  vieux sont la lampe témoin de la marche du temps », car « même quand ils sont archi usés le vieux reste un phare ».
Madame, continuez à écrire mais dans des essais plus conséquents pour nous parler des relations intergénérationnelles, des utiles introspections sur « qui suis-je ? », « vivre n’est-ce pas trouver un juste équilibre entre ce qui meurt et ce qui vit ? », etc … développez votre sujet, je vous suivrai.

La vie est une création de chaque instant, alors ce n’est pas la vieillesse qui va nous mettre des bâtons dans les roues. Votre message est clair.
« Hashtag vieillesse créative » et « hashtag balance pas tes vieux ».
À bien y réfléchir, ce livre (mis à part le chapitre sur mai 68 qui aurait pu être évité) a boosté ma volonté et empêche quiconque de s’apitoyer sur soi-même et sur sa solitude.
C’est une belle réussite !

 

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