Kaïken de Jean-Christophe GRANGE

Résumé éditeur

« – Un kaïken.
– Tu sais à quoi ça sert ?
– C’est avec ce poignard que les femmes samouraïs se suicidaient. Elles se tranchaient la gorge… »

Olivier Passan de la Criminelle. Un solitaire fasciné par le Japon traditionnel, un samouraï des temps modernes, lancé dans la traque d’un insaisissable criminel, « l’Accoucheur », qui éventre les femmes au terme de leur grossesse pour brûler le fœtus.
Ce flic tourmenté, complexe, cherche à comprendre les raisons du naufrage de son couple : Naoko, sa femme japonaise, a demandé le divorce mais ils se sont entendus pour une garde alternée de leurs deux enfants. Cette vie de famille chaotique est au centre de l’intrigue, qui joue des similitudes entre l’histoire personnelle de Passan et celle du serial killer que l’on est tenté de voir comme son double monstrueux. Mais le suicide de l’Accoucheur ne résout rien et Passan devra aller jusqu’à Tokyo rechercher la clé de l’énigme…

Un thriller ambitieux, magnifiquement soutenu de bout en bout. Loin des clichés habituels, le Japon occupe une place prépondérante dans le déroulement d’une intrigue imprévisible où Grangé confère à ses héros une surprenante densité psychologique.

★★★★★ Que du bonheur !

Critique

A force de voir quelqu’un de mon entourage se passionner pour les polars de JC Grangé, je me suis laissé tenter par Kaïken. Cette personne avait presque cessé de s’alimenter et de dormir pour mener au plus vite sa lecture. Il fallait que je comprenne mieux ce qui se joue là.
Kaïken, c’est le nom du poignard dont se servent les épouses des samouraïs pour se faire « seppuku », c’est-à-dire pour accomplir le suicide rituel, si nécessaire (selon elles).
Coup de chance, ce polar parle du Japon. Intensément.

Je l’ai découvert relativement vite au fil des premières pages ; JC Grangé travaille sa documentation minutieusement, et ça se sent. A travers le personnage de l’épouse du commandant Olivier Passan, le « super – flic – cabossé  » de ce roman, c’est toute la culture japonaise qui est passé au tamis. Jusqu’aux dernières pages, la réflexion avance encore.
J’ai adoré ça. Un polar qui aide à penser ! Ça change tout.
Mais attention : quand le Soleil Levant devient un Soleil Noir, quand le passé devient aussi tranchant qu’un sabre de samouraï, quand le Japon n’est plus un joli souvenir mais un affreux cauchemar, alors l’heure du sabre a sonné.

Le flic O.Passan rêve d’un Japon intemporel dans lequel il puiserait calme et tranquillité. Sa bientôt ex-épouse japonaise le voit autrement ; on comprendra pourquoi bien plus tard.
Evidemment, à la base, il s’agit de découvrir un meurtrier fou à lier, mais la vie du flic n’est pas sereine (classique dans les polars actuels), et les pistes se brouillent assez vite : dans ce thriller nous sommes entraînés dans une folle poursuite, en France et au Japon. Pour notre plus grand plaisir, au grand dam de notre entourage. Ca y est, je commence à comprendre ou plus exactement à ressentir l’effet JC Grangé : je ne réfléchis plus qu’au temps qui m’est donné sur 24 heures pour mener ma lecture. Prise au piège de cette intrigue, mais pas que.
J’ai en effet trouvé que tous les ingrédients d’un très « bon » polar sont là: les personnages pugnaces, le rythme incroyable , l’étrangeté génétique du tueur (je n’aime pas spolier mes lectures, je n’en dirai pas une miette), une épouse japonaise bien mystérieuse …mais bien plus encore, car j’ai été d’autant plus ravie qu’en bonus, une fascinante découverte du Japon traditionnel nous soit offerte, avec une somme d’informations impressionnantes.

Et puis, mon plaisir a été majoré car il y a quelques années de cela j’ai lu le sabre et la pierre, ainsi que La parfaite lumière de Eiji Yoshikawa. Que du bonheur donc !

Outre cette documentation, j’ai aussi trouvé son écriture très belle, agréable, pas simpliste et, cerise sur le gâteau agrémentée de métaphores soigneusement choisies et de descriptions saisissantes (ici la région parisienne et une ville que je connais très bien pour y avoir passé mes 30 premières années) sont prenantes et intelligemment rédigées.
Peu d’auteurs de polars possèdent une écriture si belle, car les polars sont généralement loin de respecter les canons de la beauté littéraire.
Seul petit hic à Kaïken : la conclusion qui pêche un peu.

Mais j’ai en tête de découvrir d’autres écrits de cet auteur incroyable.
Je sais vers qui me tourner !

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