Un jeune homme est passé de Alain Rémond

Résumé éditeur

Toute une jeunesse trimbalée dans quelques coins de monde, dans quelques recoins de la tête. Tel est le dernier objet littéraire d’Alain Rémond, chroniqueur à Télérama.

Point de départ à cette jeunesse, des lettres de son père, retrouvées par hasard, écrites entre 1930 et 1931 et qui rendent compte d’une autre jeunesse, passée au Maroc pour cause de service militaire.

À leur lecture, c’est tout simplement un narrateur qui va à la rencontre d’un jeune homme qui deviendra son père. C’est aussi ce qui incite Alain Rémond à « rapporter » sa propre jeunesse, avec un chemin tantôt parallèle, tantôt divergent, parti d’une famille bretonne catholique : l’envie très tôt d’entrer dans les ordres, la foi intime en un Dieu personnel, le vertige de la liberté initié par un professeur de philosophie, le noviciat à Rome, l’enseignement en Algérie, la rupture avec l’Église, l’engagement au PSU et un amour immodéré pour Bob Dylan…

Des années soixante aux années soixante-dix, voilà donc une jeunesse parmi d’autres, pleinement inscrite dans son temps, avec ses rêves, ses désillusions, marquée (auréolée presque) toujours par l’image de ce père mort trop tôt, peu connu, et qu’il aurait « aimé aimer ».

★★★☆☆ J’ai un peu aimé.

Critique

« Un jeune homme est passé » est la suite de « Chaque jour est un adieu« .
Cette deuxième partie d’autobiographie est écrite, là aussi, au pas de charge avec un style à la fois fougueux et juvénile.

Nous revoyons le chemin parcouru par le jeune Alain Rémond à partir de la fin de son adolescence.
Enfant d’une famille catholique bretonne désargentée de dix enfants, ce jeune garçon va se retrouver, dans les années 1950, dans un pensionnat religieux, puis, très vite, il se destinera à la prêtrise.
Après un séjour de silence et de méditation théologique à la Congrégation de la Sainte Croix au Canada, il sera sélectionné pour un séminaire encore plus prestigieux à Rome, où l’on forme les futurs grands prélats.

Mais la révolte gronde au sein de ce centre de formation religieux haut de gamme, et Alain, en bon « catho de gauche » est écœuré par la « pensée magique » qui obscurantit l’Église Catholique. L’opposition de certains séminaristes à Vatican II grandit.

De Gaulle, mai 68, la guerre d’Algérie, le PSU, Bob Dylan…toute une révolution gronde, et avec elle le souhait d’une profond changement intérieur.
Il y a le besoin de réparer, l’envie de comprendre, de cicatriser… en s’engageant autant pour l’individuel que pour le collectif.

C’est un livre d’engagements et de renoncements, où l’on apprend que les contradictions peuvent aussi être fécondes.

Entre un roman, deux billets, trois chroniques, Alain Rémond prolonge là son retour sur le temps écoulé, et nous raconte, dans un style court et épuré, ce qu’il a vécu, comme si nous nous étions accoudés, ensemble, au bar d’un bistrot parisien.

C’est très facile à lire (trop ?), et touchant, parce que cette autobiographie nous emmène sur des chemins qu’on aurait jamais parcourus, sans Alain Rémond, cet homme ivre de culture « né dans une librairie » qui nous montre que, décidément, nous sommes nombreux à avoir mal à nos aïeux !

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