Le géant de Zeralda de Tomi UNGERER

Résumé éditeur

Que faire pour qu’un ogre cesse de dévorer les enfants ?

Lui préparer des repas délicieux chaque jour.

C’est ce que fit la petite Zéralda.

★★★★★ Que du bonheur !

Critique

Je poursuis mes critiques des albums de jeunesse constituant (aussi) ma bibliothèque, car avant de penser à nous, il faut songer à prendre soin des « apprentis lecteurs », dès leur entrée à l’école, et même avant.
Et puis, ne jamais oublier l’enfant que nous avons été.
Question de survie pour l’humanité…

Tomi Ungerer écrivit « Si j’ai conçu des livres pour enfants, c’était d’une part pour amuser l’enfant que je suis, et d’autre part pour choquer, pour faire sauter à la dynamite (sic) les tabous, mettre les normes à l’envers : brigands et ogres convertis, animaux de réputation contestable réhabilités… Ce sont des livres subversifs, néanmoins positifs ».

Tout est dit là par l’auteur du cultissime Le géant de Zéralda, et c’est pourquoi aucun enfant ne résistera à cette lecture, car la première page est terriblement angoissante. Illustrations grand format et textes s’y répondent magnifiquement pour afficher une région « terrorisée » par l’existence d’un géant mangeur d’enfants …

« J’ai tellement faim ce matin
Que je ferais bien un festin
en mangeant cinq ou six gamins.
Craque et croque, si maintenant
Je rencontre quelques enfants
Je les dévore à belles dents !  »

Mais les enfants cachés par leurs parents dans des caves ne remplissent plus depuis belle lurette le bidon de cette brute amorale. Il faudra l’arrivée de la douce mais tenace et courageuse Zéralda pour vaincre l’ignorance et le goût sanguinaire du géant.

Ce livre est donc avant tout un album sur la nourriture et la cuisine, des thèmes chers à Ungerer l’alsacien, comme en témoignent les livres sur la gastronomie qu’il a illustrés. Pour rendre le sujet encore plus truculent (pour les grands lecteurs), il n’a pas hésité à se servir du répertoire des peintres hollandais du 17ème siècle (banquet gargantuesque qui évoque le célèbre tableau le repas des paysans de Pieter Bruegel l’Ancien). Et hop ! Un peu de culture ça fait de mal à personne.

Le trait rond et les teintes chaudes des sublimes illustrations contribuent à donner à l’ensemble de cet album une ambiance rabelaisienne.
Zéralda, figure à la fois féminine et féministe fait preuve d’une grande détermination et d’un courage peu communs qui ne pourront qu’inspirer les jeunes écouteurs de cette histoire, ou jeunes lecteurs.
La fin est troublante à souhait et lancera un nouveau débat.
A partir de 4 ans.

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