L’amie prodigieuse, tome 2 : Le nouveau nom d’Elena FERRANTE

Résumé éditeur

« Si rien ne pouvait nous sauver, ni l’argent, ni le corps d’un homme, ni même les études, autant tout détruire immédiatement. »

Le soir de son mariage, Lila, seize ans, comprend que son mari Stefano l’a trahie en s’associant aux frères Solara, les camorristes qu’elle déteste. De son côté, Elena, la narratrice, poursuit ses études au lycée. Quand l’été arrive, les deux amies partent pour Ischia. L’air de la mer doit aider Lila à prendre des forces afin de donner un fils à Stefano.

★★★★★ Que du bonheur !

Critique

Sous le soleil de Naples, dans cette Italie qui se réinvente au sortir de la Guerre et du fascisme, derrière les portraits des parents plus rudes les uns que les autres, derrière le machisme de nombreux hommes, c’est la dure réalité du quotidien de la plèbe napolitaine qui est racontée dans ce deuxième volet de l’amie prodigieuse.

Parce qu’il ne verse jamais dans le stéréotype, ce témoignage sociologique des années soixante s’écrit avec une grande finesse sous la plume de son héroïne douée pour les études. La saga napolitaine d’Elena Ferrante se poursuit donc et nous parle (en vrac) d’amours, d’émancipations (féminine et familiale), de machisme et de son lot de violences, et bien évidemment d’amitié. Cette dernière, fluctuante au gré des décisions des deux amies, prend toute sa place et s’étale avec brio soutenue par une écriture unique qui sait analyser les personnalités de chacune et chacun avec une plume-scapel dont on se souviendra longtemps.

La significative confusion des langues, tout au long du livre, qui oscille entre dialecte et italien, éclaire la dure réalité de celles et ceux qui ont tenté un jour de quitter leur classe sociale.
En fuyant la pauvreté, le bonheur n’est pas toujours au bout du chemin. Loin de là.

D’ailleurs, comment grandir intellectuellement sans trahir sa famille ? D’autres se sont déjà penchés avec justesse sur la question, sous des formes différentes que le roman (Annie ERNAUX, Edouard LOUIS …).

Dans Le nouveau nom, le principal suspens réside dans le devenir de ses deux jeunes femmes qui ont quitté leurs parents, mais aussi dans leur lutte contre les machos, contre la Camorra, et de nombreux autres dangers qui se dressent çà et là de leurs existences.

J’ai poursuivi avec délectation ma plongée dans l’atmosphère de cette série qui, une fois encore, brille par son intelligence et son intensité rare grâce notamment à la (passionnante) question de fond qui sous-tend l’ensemble :
Peut-on réellement quitter son milieu social et se trouver une place dans un autre plus élevé ? 

Au service de cette épineuse interrogation, l’écriture d’Elena Ferrante sert à explorer la fragilité de ces deux jeunes filles napolitaines, sans pathos, sans lourdeur et j’en redemande.

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