un simple dîner de cécile tlili

Résumé éditeur :

Un soir de canicule, en août à Paris, deux couples se rejoignent pour dîner. La soirée aura lieu chez Étienne. Claudia, sa compagne, d’une timidité maladive, a cuisiné toute la journée pour masquer son appréhension. Johar et Rémi, leurs invités, n’ont pas l’esprit tranquille non plus. Autour de la table, les uns nourrissent des intentions cachées tandis que les autres font tout pour garder leurs secrets.

L’odeur épicée d’un curry, une veste qui glisse d’un fauteuil, il suffit d’un rien pour que tout bascule.

Avec ce huis-clos renversant, Cécile Tlili interroge la place des femmes dans la société et tisse, avec délicatesse, une ode à l’émancipation et à la liberté.

★★★☆☆  J’ai un peu aimé.

Avis :

« Ce soir, j’ai décidé d’arrêter de subir mon existence. Ce soir, j’ai promis de m’attaquer à la vie. »  sont les paroles, en fin de soirée, que se dit Claudia, jeune femme sans défense, malmenée par un conjoint égoïste et fortement imbu de sa personne.

Le dîner qu’elle a organisé pour ce dernier la hisse pourtant au sommet en sa qualité de maîtresse de maison. Mais dans ce décor domestique savamment dressé par Etienne, son ambitieux concubin, l’archétype de l’intellectuel bourgeois arriviste et insensible (sauf à sa petite personne), un second couple, tout aussi mal assorti, se glisse.

Face aux strates de timidité et de maladresse de Claudia méticuleusement renforcées par l’attitude abjecte de son concubin, nous trouvons en opposition Johar, la confiance incarnée par cette working girl, emmurée dans l’efficacité professionnelle de sa tour de verre et d’acier et Rémi, son époux discret et en apparence plutôt jovial.

Entre les plats, les personnages se dévoilent peu à peu au lecteur grâce à une écriture intimiste, descriptive et légère à lire. Un chapitre en alternance pour chaque femme. Un coup Claudia. Un coup Johar. Classique !

La soirée avance et la tension est censée monter. Les phrases se font parfois courtes.

Étienne se montre pressant. Johar est en pleine ascension professionnelle et il voudrait bien en profiter.

Claudia a des révélations à faire mais Étienne est si distant…comme pour tout le reste, elle n’ose pas.

Chaque personne est coincée pour une raison ou une autre. Personne n’écoute vraiment et ne respecte vraiment personne. Sauf la pauvre Claudia (que j’ai eue envie de secouer tout le long du livre).

Rémi a pris le large, psychiquement, depuis quelques temps, fatigué qu’il est d’une épouse trop souvent « ailleurs » elle aussi.

Entre le charme de surface de l’un, la recherche de sens dans son travail d’une autre, le besoin d’amour vrai des derniers, c’est le couple que l’auteure interroge ainsi que la place du travail dans nos vies modernes.

Ce premier roman apporte de jolies promesses. La plume choisie est fort agréable. Seul regret : le texte manque de force, de suspens.

Certes, c’est un livre qui donne du courage, le courage d’être soi, la volonté de fuir les faux-semblants, de se rappeler d’où on vient et l’importance de ne pas se fourvoyer dans l’attente de l’impossible métamorphose du conjoint ou du travail respectueux de l’humain.

Mais cent-soixante-dix-huit pages pour, au final, obtenir un petit passage mi philosophique mi développement personnel du genre comme « C’est à moi de décider ce qui est bien pour moi », je trouve ça dommage, car ici la douceur frôle parfois la mollesse.

On a un démarrage un peu lent, une narration facile, certaines scènes qui durent longtemps, un fil narratif trop distendu (même si j’ai bien compris qu’on est en août eu qu’il fait bien bien chaud).

A mon goût, ce type de roman nécessite plus de nerf, davantage de mordant, de l’incisif, de l’ironie éventuellement pour contrebalancer cette ambiance poisseuse et morne.

Tout ceci est fortement subjectif, je vous  l’accorde et je reconnais que Cécile TLITI explore des chemins intéressants sur le féminisme, la communication vraie, la dynamique des groupes, mais j’en attendais plus pour être vraiment renversée par cette lecture, comme me l’avait promis la quatrième de couverture.

Merci cependant à Babelio et à Calmann Lévy pour cette découverte et votre confiance.

 

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3 Commentaires

  1. Sophie VILLECOURT
    9 octobre 2023 / 9 h 29 min

    Un dîner simple se présente comme un huis-clos, unité de temps et de lieu. Le temps d’une soirée dans un appartement au décor étudié et soigné.
    Comme sur une scène de théâtre, les personnages, chacun dans un style propre, se déplacent et se dévoilent.

    Pour des raisons diverses, la tonalite de cette soirée, minutieusement et légèrement décrite, malgré ce qui pourrait apparaître, si on tentait de résumer le propos, comme caricatural, se transforme et bouge.

    C’est le chemin intérieur parcouru qui nous est donné à lire, à comprendre même, peut-être.

    La singularité. La fragilité ou la force, réelle ou présumée, de chaque personnage
    se dévoile jusqu’à ce qui peut, in fine, se rapprocher de la sincérité, de la découverte pour chacun des personnages de la rencontre avec lui-même, de sa vérité propre.

    Les odeurs, senteurs, saveurs des mets, des vins fins ou bulles légères, viennent colorer, ponctuer et accompagner, l’expression et l’évolution intérieure de chacun, jusqu’à la fin de la soirée et la sortie. L’accès au dehors, pour trois des personnages qui ouvrent sur de nouveaux et meilleurs possibles.

    J’ai aimé ce livre, son écriture fluide et la clé d’accès authentique et sincère, qu’il donne à la compréhension des méandres de l’âme humaine.

    • Agnès
      Auteur / autrice
      29 octobre 2023 / 11 h 39 min

      Merci beaucoup Sophie pour ton retour sur ce premier roman. Le tempo particulier proposé par l’auteure à travers son huis-clos peut en effet ne pas convenir à tout le monde.

    • Agnès
      Auteur / autrice
      29 octobre 2023 / 11 h 42 min

      Merci beaucoup Sophie pour ton retour sur ce premier roman. Le tempo particulier proposé par l’auteure à travers son huis-clos peut en effet ne pas convenir à tout le monde.

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