Sérotonine de Michel HOUELLEBECQ

Résumé éditeur

« Mes croyances sont limitées, mais elles sont violentes. Je crois à la possibilité du royaume restreint. Je crois à l’amour » écrivait récemment Michel Houellebecq. Le narrateur de Sérotonine approuverait sans réserve. Son récit traverse une France qui piétine ses traditions, banalise ses villes, détruit ses campagnes au bord de la révolte. Il raconte sa vie d’ingénieur agronome, son amitié pour un aristocrate agriculteur (un inoubliable personnage de roman, son double inversé), l’échec des idéaux de leur jeunesse, l’espoir peut-être insensé de retrouver une femme perdue. Ce roman sur les ravages d’un monde sans bonté, sans solidarité, aux mutations devenues incontrôlables, est aussi un roman sur le remords et le regret.

★☆☆☆☆ Rien à garder, cette lecture m’a fait perdre mon temps.

Critique

Alors que certains auteur(e)s insufflent de la lumière dans leur récit, même à fortiori dramatique (oui oui c’est possible), Michel Houellebecq fait tout le contraire dans Sérotonine, il y raconte, et encore et encore LA dépression avec son panel de symptômes plus lugubres les uns que les autres :

– elle imprègne la perception du présent, du passé et du futur,
– elle engendre une incapacité à éprouver du plaisir,
– le monde paraît vide et rien ne peut avoir assez d’intérêt pour atténuer cette situation pénible,
– l’ennui, la monotonie, caractérisent la tristesse,
– l’absence d’avenir est omniprésente

Bienvenue dans le dernier roman de MH, deuxième pour moi après Les particules élémentaires. Pourtant, j’avais dit « plus jamais » mais… une (jolie) boîte à livres en a décidé autrement.
Ce dernier est plus facile (attention, je n’ai pas dit « agréable ») à lire.
La prose, plus aisée à suivre. C’est déjà ça !

Florent-Claude (prénom « ridicule » selon l’auteur qui lui donnera d’ailleurs l’occasion de quelques paragraphes pas intéressants du tout sur cette question du prénom) est « employé au ministère de l’Agriculture chargé de rédiger des notes et des rapports à destination des conseillers négociateur au sein d’administration européenne » (c’est long à dire – et encore je n’ai pas tout rapporté – mais MH aime bien rester longtemps sur ce genre d’information, ça occupe de l’espace dans son livre).

Ce personnage gris, très gris, nous raconte un grand pan de son existence. Il se replie sur lui-même, quitte sa « garce » de compagne (elle en prend plein la figure, plus noire c’est difficile) pour se réfugier dans une chambre d’hôtel, fumer et regarder la télévision. Il est quand même obligé de sortir quand il faut nettoyer la dite-chambre.
Les souvenirs, de ses rencontres (principalement féminines) affluent dans son-esprit-sous-cacheton.
Question « mémoire », ça va plutôt bien. La nouvelle molécule inclue dans le cachet semble efficace, pas d’altération des souvenirs contrairement aux autres cachets ( ne le cherchez cependant pas, il n’existe pas) existant dans le commerce, heu… pardon… dans les pharmacies.

Dès le début du roman, donc, un petit comprimé de SEROTONINE soutient ainsi l’ensemble, et surtout le bonhomme. Mais plus de libido pour celui-ci, et force est de reconnaître que l’auteur ne peut que saisir les souvenirs narrés par Florent-Claude (quel prénom bizarre quand même ! ) pour donner une dimension plus pornographique qu’érotique aux rencontres de son dépressif. Parler de sexe, il aime ça le bougre, même s’il paraît qu’il s’est calmé par rapport aux précédents romans.

Bref ! En gros c’est le roman d’un mec désabusé, misogyne et déprimé. J’ai lu dans les critiques qu’il serait LE « mâle occidental, homophobe à la libido en berne » …. expression littéraire d’une « dérive émouvante autour de la perte du désir, sur fond de révolte des agriculteurs ».
Gloups !!!
Pauvre mâle occidental !
Heureusement, je n’en connais pas des comme ça.
Pauvres agriculteurs aussi. Heureusement qu’ils ont Karine Lemarchand pour leur libido.

Eh bien, je ne me ferai plus avoir par ma curiosité de petite fille, même par les plus belles boîtes à livres de l’hexagone, car j’ai trouvé que ce texte, sans aucun dialogue, qui raconte l’insupportable vacuité des journées d’un personnage inintéressant au possible est indéniablement misogyne, détracteur de ses contemporains, vitrioleur même, dénigreur du monde moderne qui l’entoure, sans qu’aucun espoir ne transparaisse nulle part.

Alors, je conseille à l’auteur ainsi qu’à son personnage (!) comme lectures consolatrices :
Retrouver l’espoir (A.Pellisolo)
Mon programme anti-dépression (C.André)
Tout déprimé est un bien portant qui s’ignore (M.Lejoyeux)

Et puis aussi …
– de laisser tomber la clope,
– de manger mieux (j’ai déposé une liste de titres sur Babelio à ce sujet) ,
– de bouger son petit corps,
– d’aller voir ses contemporains (ils ne sont pas tous pourris).

… et la machine repartira peu à peu…

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