Le Sourd Oraliste du XXIème siècle : un destructeur de normes de Thomas ARELLA

Résumé éditeur :

Quelle place a le Sourd Oraliste dans la société actuelle ?

En des temps très reculés, l’ethnie sourde n’avait pas d’oreilles et vivait en autarcie dans les Terres Silencieuses. Puis elle a fini par se mélanger avec des tribus entendantes.

Au 18ème siècle, l’ancêtre des Sourds Oralistes Saboureux de Fontenay a témoigné dans une longue lettre autobiographique sa volonté de parler avec la bouche et plus avec les mains.

Un autre autodidacte, Pierre Desloges traita indirectement Saboureux de « faux-sourd » dans ce qui est considéré comme étant le premier livre rédigé par un Sourd.

Dans la société française, un quart de la population aurait le gène de la connexine 26, gène de métissage sourd-entendant…

★★★★☆ Lecture agréable, fort plaisante.

Critique :

Pourquoi devons-nous souffrir quand on est minoritaires ?
Notre mode de communication peut-il nous être imposé ?
Telles sont les questions principales que pose Thomas Arella dans « Le sourd oralisée du XXIème siècle : un destructeur de normes ». Le titre est long et il épouse parfaitement son texte, très dense.

Mais en même temps, Thomas en a long à nous dire, à nous raconter, à nous apprendre. D’abord sur l’histoire de l’enseignement donné aux Sourds et, attention, il maîtrise son sujet. Il s’est documenté de manière impressionnante et nous restitue minutieusement le déroulé des événements, petits comme grands.

Puis, il nous raconte son histoire, parmi d’autres ; sa sincérité ne fait aucun doute et révèle des moments forts, émouvants et éclairants. Car ce livre se veut avant tout un cri que lance Thomas, un cri du cœur :  » Avec ce livre, j’en appelle à la reconnaissance du statut du Sourd Oraliste, celui qui est au final le plus submergé par les préjugés, se situant en plein milieu des deux mondes dans lesquels il ne se reconnaît pas. »

Avez-vous entendu parler de l’audisme ?

Ce racisme, envers les Sourds ici habilement décrit, émane de certains entendants mais également d’autres Sourds n’ayant pas choisi le même mode de communication, partiellement ou entièrement.
Ce livre est en réalité plus qu’un témoignage des pratiques d’enseignement d’hier à aujourd’hui, bien autre chose qu’un hymne de dénonciation de la difficulté d’être sourd, malentendant dans notre civilisation dite moderne.

Il est un appel à la TOLERANCE, une injonction à respecter l’INTELLIGENCE PERCEPTIVE de chaque personne sourde, et donc les CHOIX DE COMMUNICATION qui en découleront, propres à chacun(e).

Journal intime, état des lieux d’un jeune homme plein de fougue et de courage, dans cet essai, Thomas nous invite à le suivre au fur et à mesure de ses recherches. Il nous permet de le comprendre, nous racontant son chemin de vie, décrivant les rencontres, les lectures qui lui ont permis de communiquer avec le plus de personnes possible avec (et non pas « malgré ») sa surdité. Thomas n’est pas une personne diminuée, amoindrie par une déficience, il EST simplement.

J’ai moi-même fréquenté certaines communautés sourdes et accompagné des jeunes Sourds dans de multiples activités. Je connais la douleur du sourd et le regard déformé des autres sur LUI. Entre le (froid) regard médical et le jugement de la communauté de Sourds signant, entre le harcèlement vécu à l’école, la bêtise de certains entendants (mail il entend puisqu’il parle !!), le burnout des études et l’audisme, le chemin de croix est rude. Je peux en témoigner aussi.

Qu’un minimum de solidarité s’instaure déjà entre Sourds, que la tolérance et la compréhension des entendants se développe à leur égard… Si ce livre pouvait y contribuer, ce serait formidable.

Je m’adresse à vous Thomas, en vous disant que j’aurais pu compléter quelques-uns de vos chapitres avec des expériences douloureuses vécues autour de la surdité (parcours du combattant pour le dépistage de la surdité, violences scolaires, déni et agressions verbales d’enseignants ou de principal d’établissement, déni de parents d’enfants Sourds moins oralisés que le votre, incompréhension des adultes sourds gestuels, timidité de l’adulte sourd adulte oralisé, etc.)
Mais à quoi bon !
Le temps efface les peines.
La colère ne construit rien de bon. Vous l’avez parfaitement compris et très bien rendu.

INFORMER comme vous le faites est la meilleure des choses à mettre en place.
Merci donc pour votre courageux plaidoyer aussi consistant que l’épaisseur de votre livre.
Bravo pour cet énorme travail, qu’il touche Sourds signant, oralistes, les médecins, les profs, les entendants… que la parole circule pour que cessent dénigrement et difficultés, pour que l’école inclusive se fasse loin des communautarismes, et que vous soyez respectés par tous.
C’est mon vœu le plus cher !

 

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