Une odeur de gingembre de Oswald WYND

Résumé éditeur :

En 1903, Mary Mackenzie embarque pour la Chine où elle doit épouser Richard Collingsworth, l’attaché militaire britannique auquel elle a été promise. Fascinée par la vie de Pékin au lendemain de la Révolte des Boxers, Mary affiche une curiosité d’esprit rapidement désapprouvée par la communauté des Européens. Une liaison avec un officier japonais dont elle attend un enfant la mettra définitivement au ban de la société. Rejetée par son mari, Mary fuira au Japon dans des conditions dramatiques. À travers son journal intime, entrecoupé des lettres qu’elle adresse à sa mère restée au pays ou à sa meilleure amie, l’on découvre le passionnant récit de sa survie dans une culture totalement étrangère, à laquelle elle réussira à s’intégrer grâce à son courage et à son intelligence. Par la richesse psychologique de son héroïne, l’originalité profonde de son intrigue, sa facture moderne et très maîtrisée, Une odeur de gingembre est un roman hors norme.

★★★★★ Que du bonheur !

Critique :

1903, au lendemain de la révolte des Boxers, une jeune écossaise de 18 ans, toute pétrie d’innocence et de naïveté, part en bateau jusqu’en Chine pour aller rejoindre son futur époux, un attaché militaire anglais en poste là-bas.
450 pages plus loin, en 1942, nous la quittons (avec grand regret en ce qui me concerne), au Japon, âgée d’une soixantaine d’années. Entre les deux, des heures de lecture addictives et très plaisantes au cours desquelles nous voyons éclore cette jeune fille qui se transformera en femme, en épouse, en mère, en amante, et bien plus encore.

J’ai tout aimé dans ce livre, et en premier, le fait que ce texte rédigé sous forme épistolaire et de journal intime se révèle un brûlot féministe et antimilitariste. Mais c’est également un portrait de femme forte, qui aurait pu s’effondrer de multiples fois, engluée dans un monde machiste et colonialiste d’abord, puis évoluant dans un univers phallocrate pétri de traditions et d’intolérance via l’étranger sous l’autorité d’un gouvernement impérial ultranationaliste.

Ce livre est une leçon de vie à part entière, celle d’une héroïne moderne des temps anciens, qui se défait d’abord des conventions victoriennes rigides avec lesquelles elle a grandi, puis fait montre d’une résistance incroyable en tenant bon malgré les drames et le chaos de sa vie. J’ai également trouvé là une leçon d’histoire comme on en trouve rarement dans le genre romanesque.

Ce roman intimiste a de plus pris ce qu’il y a de plus pur de l’esprit oriental, ses paysages ; sa nature … ses descriptions sont un pur bonheur. Son auteur né en 1913 a vécu au Japon, et nous offre aussi avec Une odeur de gingembre, une exploration de l’âme et une chronique sociale inoubliables.
Il me semble tout à fait utile aussi de lire un Japon où existaient haine et rejets pour ce qui n’était pas japonais, ainsi qu’une incroyable soumission des femmes. Par ailleurs, toute la petite faune colonialiste faite de conventions désuètes et de faux-semblant est décrite avec une minutie inoubliable et un sens de la psychologie passionnant.

Bref, vous l’avez compris, on ne s’ennuie pas un instant dans ce livre talentueux aux multiples facettes et à la plume délicieuse.

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