Refrain de Mathilde ROUX

Résumé éditeur

À la mort de son grand-père, Camille retourne vivre dans le château familial, cerné par les forêts épineuses de la montagne Noire. Avec sa mère, Roxane, et son petit garçon, Jack. Un bien curieux trio que cette famille-là.
Conteuse un peu lunaire, la jeune femme se sent comme une princesse inutile dans un monde trop cohérent. Elle décide pourtant d’affronter les démons de son enfance. Pour s’inventer une nouvelle vie.
Nouvelle vie ou nouvelle mort ?
Récit aux notes allégoriques, Refrain questionne l’amour maternel, la quête d’émancipation et la parentalité. Il oscille entre humour et gravité, servi par une nouvelle plume, nerveuse et mordante.
Le roman d’un amour obsessionnel, comme la trame d’un conte, le souffle du vent, le refrain d’une chanson.

★★★★☆ Lecture agréable, fort plaisante.

Critique

– un beau et grand château ancien comme il se doit
– un grand-père dragon
– une reine – mère
– une vraie princesse lunaire pétrie de délicatesse et de fragilité, poursuivie par les forces du mal jusque dans son intimité
– un prince sans épée
– un petit page rendu mutique par on ne sait quel puissant sortilège

Les personnages sont en place. 1, 2, 3… l’histoire sort du sac. Et elle commence… avec par un « Camille était morte. Parce que, moi, sa mère, je l’avais tuée. »
Mais rassurez-vous, les choses ne sont pas aussi claires que cela est écrit. Heureusement.

Rapidement, j’ai vite compris que cette écriture à la fois tendre et à la fois amère m’apportait des mots, des personnages souvent en inadéquation avec leurs propos.

Dans ce premier roman, j’ai donc trouvé des rêves d’histoires à n’en plus finir, j’ai traversé un monde mi-hallucinatoire, mi-réel, j’ai entendu un dialecte poétique qui sait parler aux cœurs sensibles. Comme le mien.

Il faut accepter l’idée qu’il ne se passe pas grand-chose dans cette histoire. Le rythme est lent, mais les images sont belles.
Il ne se passe grand-chose en apparence. Car c’est à l’intérieur que les grandes révolutions se révèlent majeures. Pour cela, laissons-nous effleurer par le doux langage et les refrains hypnotiques de cette trajectoire familiale douloureuse.

Dans cette famille, comme dans les autres, les princesses ont malgré tout des choses à exprimer, une existence à construire. Il aurait fallu respecter ce fait indéniable.
« On ne se rend compte de rien lorsqu’on ne vit pas. » dit d’ailleurs la princesse.

Qu’est-ce qu’être vivante quand on possède tout mais que les fantômes sont encore dans le château ?
Peut-on échapper à la possessivité d’un parent sans s’en rendre responsable ?

Le travail des mères se révèle en effet complexe ; il faut lâcher ceux qu’on aime le plus et faire de ce renoncement un geste d’amour. La complaisance s’arrête pourtant, quand la dépendance s’installe. Le prix à payer de certaines princesses pour apaiser les Dieux se révèle bien lourd si l’omnipotence a fait son lit dans le quotidien.

J’ai aimé ce roman, parce que son thème me touche profondément et qu’il aborde un sujet grave et tabou : détruire l’autre parce qu’on l’aime trop.

Lorsque j’ai été invitée à le lire, un autre livre  Parents toxiques Comment échapper à leur emprise  de Susan Forward était sur ma table de salon, en train d’être lu, analysé, digéré.

Pas étonnant donc que Refrain, qui restitue puissamment le temps du sursaut de vie, qui dénonce avec une infinie mélancolie CE grand scandale (caché dans les relations intrafamiliales et qu’on n’évoque jamais) m’ait sincèrement touchée.

Merci à l’éditrice de m’avoir permise de le découvrir…

 

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