Résumé éditeur :
Le destin romanesque de Jeanne Rozerot, issue d’une modeste famille de paysans bourguignons, orpheline de mère à quatre ans, lingère chez le couple Zola, à Paris, avant de devenir la maîtresse, puis la mère des enfants de l’un des écrivains français les plus célèbres.
Si celle à qui Zola a tendrement murmuré : » Tu seras dans mes pages, dans toutes mes pages désormais » est restée dans l’ombre, l’œuvre de l’écrivain porte l’empreinte de cette union.
Le Roman de Jeanne est une magnifique plongée dans la France du XIXe siècle, il éclaire aussi d’un jour nouveau les quinze dernières années de la vie de Zola, un homme tiraillé entre deux femmes, mais aussi le père attentif et comblé de Denise et Jacques, les deux enfants que lui a donnés Jeanne.
L’écrivain ne se séparera jamais d’Alexandrine, et Jeanne devra accepter son statut de femme cachée. Seule la force de leur amour l’aidera à supporter les contraintes de cette double vie, y compris la fureur d’Alexandrine lorsqu’elle découvrira leur histoire.
Titulaire d’un doctorat de littérature française, Isabelle Delamotte fait partie du groupe de recherches sur Émile Zola et le naturalisme à Paris-III. Son travail porte sur les rapports entre médecine et littérature auXIXe siècle. Elle a publié en 2003, aux éditions La Différence, Le Médecin des dames.
★★★★★ Que du bonheur !
Avis :
Un des enseignements d’Émile Zola, et non le moindre, est selon moi une leçon de vaillance :
» Tout ce qui est réel est nôtre et rien ne doit nous empêcher de le manifester « .
De la condition prolétarienne, à la défense d’Albert Dreyfus, sa bravoure n’a eu d’égale que la puissance de son œuvre romanesque.
Les tempêtes qu’il eut à affronter furent nombreuses, tant sa plume au service d’un nouveau courant littéraire qu’on nommera naturaliste déchaîna haines et rejet.
C’est pourtant au cœur de son foyer qu’Émile Zola eut peut-être à affronter un des cyclones les plus terribles de son existence. Le romancier doit aussi sa notoriété, à son épouse, la matrone moderne que fut Alexandrine Zola, à retrouver dans l’excellent ouvrage
» Madame Zola » de Évelyne Bloch-Dano. Sans elle, il n’est rien.
Mais son amour, que dis-je … sa passion amoureuse pour la douce lingère de sa femme, Jeanne Rozerot, de 27 ans sa cadette (!) , viendra raviver le quinquagénaire déprimé et bedonnant qu’il fut, avant de le plonger dans un tourbillon amoureux dantesque.
Entre scrupules, mauvaise conscience et désir fou, un vrai drame personnel, somme toute classique, mais non moins insupportable pour le triumvirat Zola-Rozerot mettra à rude épreuve ces trois êtres. » Le roman de Jeanne » raconte ce conflit familial mais il dresse également le portrait social d’une époque et la clandestinité dans laquelle Zola dû cacher sa deuxième famille pour « se protéger de son épouse, de ses relations, de la presse, de ses amis et de ses ennemis, qui ne lui pardonnaient pas d’être l’écrivain le plus lu de France et de jouir d’une renommée internationale « . (Page 172 ) Il reprend aussi le drame que fut l’affaire Dreyfus dans la vie de ZOLA.
Cette biographie, solidement documentée et écrite par une universitaire spécialiste de Zola narre avec perfection l’idéalisme qui toujours guidera son cœur et ses ardeurs, le tout servi par un texte littéraire subtil à lire. Le portrait de cette Jeanne m’a profondément touchée, tant l’écriture d’Isabelle Delamotte s’avère juste et sensible. Mais autour d’elle, les personnages secondaires comme l’épouse légitime sont inoubliables aussi. Du conformisme bourgeois, durement acquis, à la chute des convenances, il n’y a finalement qu’un pas … car quand l’épouse bafouée se transforme en femme de cœur en défiant tous les anciens tabous pour s’occuper de l’ancienne maîtresse de son mari, on se dit qu’on n’a pas affaire à de simples mortels, mais à des êtres profondément humains.
Quand l’amour d’un homme même décédé bouscule tout… c’est le magnifique mais véridique roman de Jeanne.