je n’oublierai jamais de elsa levy

Résumé éditeur :

En apparence, Elsa est une femme épanouie et pétillante. Pourtant, au fond d’elle-même, elle est rongée par de terribles angoisses, sans vraiment comprendre pourquoi. Jusqu’à une nuit d’insomnie où le traumatisme que sa mémoire refoule depuis 30 ans revient d’un seul coup : à 8 ans, elle a été violée par son médecin traitant.

Elsa réalise alors que ce viol lorsqu’elle n’était qu’une enfant a eu des conséquences dévastatrices dans tous les pans de sa vie. Et confie « à 8 ans j’ai pris la perpétuité ». Dans une société qui baigne dans l’impunité.

Dans ce livre, Elsa brise la loi du silence pour inciter les victimes à oser parler et donner des mots à celles qui n’en ont plus. Elle se bat aussi pour que la loi française évolue et que de tels actes ne puissent plus être prescrits et que soit un jour votée une loi « contre l’oubli ». Parce qu’il y a des choses qui marquent une existence au fer rouge et qui ne s’oublient jamais…

★★★☆☆ J’ai un peu aimé.

Avis :

J’ai presque tout lu des livres édités par Elsa LEVY. Sa plume, son sarcasme et son regard critique sur notre société m’ont toujours touchée.

Quand Elsa m’a proposé de recevoir son livre « JE N’OUBLIERAI  JAMAIS », je n’ai pas hésité un instant. J’y ai retrouvé sa style mordant et sa colère au regard de sa situation précaire malgré ses diplômes et ses nombreuses expériences.

Mais ce qu’elle révèle, cette fois-ci, dans son témoignage, va bien au-delà d’un inconfort économique et d’un humour décapant, non, c’est un sentiment de mal-être général et pesant qui la poursuit depuis trop longtemps.

Voici l’histoire de celle qui se sent « étrangère au monde » comme elle l’écrit ; et assurément ratée, depuis l’enfance. Depuis ses huit ans.

Dans ce dernier texte, Elsa poursuit sur la même vague précédemment suivie de retour sur soi ; chemin emprunté par les écrivains qui ne s’autocensurent pas. Alors, elle lâche tout, tout ce qu’on avait perçu dans ses précédents personnages est là, sans fioriture. Il n’y a plus de filtres.

Passer d’un psy, d’une thérapie, d’une rencontre à un.e autre, Elsa ne nous épargne rien. Sa rage contre le système, sa situation financière calamiteuse. Sa souffrance s’étale un peu plus à chaque nouvelle page. J’ai parfois eu du mal à la suivre…

Elle crache toute, arrache le voile, tombe les masques, ne se cache plus derrière des histoires. Finie la longue phase de sauvetage des apparences.

« JE N’OUBLIERAI JAMAIS » c’est un cri qui monte en puissance au fil des pages pour ne plus s’arrêter, une sorte d’exutoire personnel mené avec l’aide d’un clavier (ou un stylo mais ça m’étonnerait !) jusqu’à l’annonce de « l’amnésie traumatique » et du viol qu’elle a subi.

A l’âge de huit ans. Par son médecin.

….

Ce texte se lit malgré tout facilement, et j’ai apprécié la confiance donnée aux lecteurs.trices par Elsa L. en se dévoilant ainsi.

J’ai lu, j’ai vu une femme très isolée, au bord de l’abîme, mais aussi et souvent dure avec ses semblables : « une société fossoyeuse d’âmes, pour qui la réussite semble rimer avec argent, mariage, emploi stable, achat immobilier et procréation ».

Elsa L. raconte comment, après cette révélation, elle a eu plaisir à s’affranchir de ce qu’elle nomme « les carcans de la société », et je n’ai pas apprécié ce pan du livre où l’on pourrait vite se faire traiter de petite bourgeoise, même si je ne m’étalerai pas là-dessus. Je pense simplement que chacun.e fait comme il/elle peut selon sa constellation familiale et ses envies.

C’est donc un texte très personnel, fort intime.

Au-delà de la révélation du viol, il comporte énormément de rage et de douleurs. De manière ouverte et aussi entre les lignes. Comme si la société avait permis cela et notamment « la loi du silence et de l’impunité » sur le délai de prescription des viols sur mineurs.

« Société égarée », « corrosive agonie », le brûlot du présent ravive les flammes d’un passé écorché à jamais et à vif pour toujours.

Ça passe ou ça casse pour le lecteur.

 » Le viol est comme une mort inoculée (aux femmes) un jour de violence. Elle coexiste avec leur vie en une sorte de parallélisme angoissant. »

Gisèle HALIMI.

 

 

Partager:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Instagram