il suffit de traverser la rue d’eric faye

Résumé éditeur :

Années 2010, un journaliste vit de l’intérieur les convulsions de l’entreprise de presse pour laquelle il travaille depuis un certain temps : rachat, brutalité managériale, obsession du profit envers et contre tout...
À l’occasion d’un plan de départs volontaires, il prend ses cliques et ses claques en saisissant au vol une opportunité de reconversion professionnelle.
Mais, dans les méandres des organismes de formation qui sont un business à part entière, rien ne va se passer comme prévu, sous le regard de l’ex-homme d’information qui est aussi poète à ses heures perdues.
Au fil de ce roman, Eric Faye brosse le tableau d’une classe moyenne incapable de résister à l’offensive néo-libérale et de se mobiliser lorsqu’elle est attaquée.

★★★★★ Que du bonheur !

Avis :

En 10 chapitres, Éric Faye raconte le lent démembrement économique et humain d’une entreprise de presse mondiale, plus vraie que nature.

Attention bijou !

Je n’aime ni l’économie, ni les histoires relatives au  » grand capital « . Et pourtant, j’ai été totalement séduite par ce roman au titre emprunté à notre président de la République.
« Je traverse la rue et je vous trouve un travail » est une petite phrase apocryphe, reprenant une phrase prononcée par Emmanuel Macron le 15 septembre 2018 sur le fait de trouver un travail : « Je traverse la rue, je vous en trouve ».

Notre « héros », Aurélien Babel, 57 ans,  » hypersensible, froussard et poète  » mais aussi et surtout journaliste chez MondonNews,  dresse un autoportrait doux amer. Ce personnage – presque réel – nous parle sans complaisance du  déroulé des événements survenus dans son service de rédaction qui font montre d’une guerre économique assez terrible, livrée ici dans toute sa splendeur mais aussi avec démesure contre ses employés.

Guerre propre et lente, méthodique toujours, décrivant le poison progressif annihilant une entreprise et les plus vulnérables. Dans ce réquisitoire, personne n’est épargné. Ni la grande machine, ni les employés pourtant sages et fidèles (mais aussi lâches et vils), ni le business de la formation, ni le système politique « pourri de l’intérieur », ni « la gauche ma douleur », et encore moins son personnage principal, « cet homme qui ne se pose pas en s’opposant et qui louvoie ».

Bref, tout le monde en prend pour son grade.

Situé entre la plume désespérée et lucide de Jean-Paul Dubois et l’humour mélancolique et coincé de Fabrice Caro, il y a l’épopée labyrinthique d’Éric Faye, et Aurélien Babel, le « pauvre » journaliste « rêveur d’élite » qui dépose avec justesse son « parcours du combattant pour réussir à perdre son emploi ».

Soyons clair… ce n’est pas le sujet qui m’a touché, c’est le traitement que l’auteur en fait. Sa langue riche, son style oscillant entre phrases impeccables et esprit gouailleur multiplient les mots d’esprit et les expressions imagées, et je m’en suis délectée.

Il établit la radiographie sociologique d’une France malade de ses dirigeants politiques, patronaux et de ses actionnaires sans scrupule.

Ce n’est pas triste, c’est un texte d’une intensité rare, souvent « amusant », il est écrit comme un témoignage, un journal intime, un hommage « aux autruches de la classe moyenne ».

Merci à Babelio et aux Editions du Seuil de m’avoir choisie pour découvrir ce roman très largement appréciée.

 

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