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petits oiseaux de yoko ogawa – Juste lire, par Agnès

petits oiseaux de yoko ogawa

Résumé éditeur :

Il est le seul à pouvoir apprendre la langue pawpaw afin de communiquer avec son frère aîné, cet enfant rêveur qui ne parle que le langage des oiseaux, n’emploie que ces mots flûtés oubliés depuis longtemps par les humains.

Après la mort de leurs parents, les deux hommes demeurent ensemble dans la maison familiale. D’une gentillesse extrême, l’aîné, qui ne travaille pas, se poste chaque jour tout contre le grillage de la volière de l’école maternelle. Peu à peu, la directrice remarque son calme rassurant pour les oiseaux, sa façon subtile de les interpeler, et lui confie l’entretien de la cage.

Quant au cadet, régisseur de l’ancienne résidence secondaire d’un riche propriétaire du pays, le jardin de roses, les boiseries des salons, la transparence des baies vitrées sont à la mesure de son attachement pour les lieux de mémoire. Parfois, les deux frères décident de “partir en voyage”. Valises en main, ils font halte devant la volière. Ravis de palabrer avec les moineaux de Java, les bengalis ou les canaris citron, ils oublient dans l’instant tout projet de départ. Un jour pourtant le calme du quartier semble en danger, une enfant de l’école disparaît.

«Petits oiseaux» est un roman d’une douceur salvatrice qui nous confie un monde où la différence n’influe pas sur le bonheur, où la solitude conduit à un bel univers, un repli du temps préservant l’individu de ses absurdes travers, un pays où s’éploient la voix du poème, celle des histoires et des chants d’oiseaux, celle des mots oubliés.

★★★★★ Que du bonheur !

Avis :

Les enfants, ce n’était pas son fort, les gens non plus. Mais les oiseaux, oui.

Celui que les élèves de la maternelle d’à côté avaient fini par nommer « le petit monsieur aux oiseaux » respirait au même rythme que les sicales bouton-d’or, les perruches calopsitte ou les moineaux de Java cannelle, bengali rouges, et j’en passe. Si vous n’appréciez pas cette classe de vertébrés tétrapodes caractérisée par la bipédie, des ailes et un bec sans dents qui descendent des dinosaures et qu’on nomme « oiseaux », passez votre chemin.

Assidu, consciencieux, « le petit monsieur aux oiseaux » est en fait un monomaniaque, sans être pour autant empoisonné par sa passion. Sa vie relève plutôt d’une ascèse somme toute mi-névrotique mi-japonaise que l’écriture délicate de Yôko Ogawa sublime.

Dos vouté, regard au ras du sol, l’existence de cet homme passée dans l’ombre n’est en réalité qu’amour. Puisque « l’amour est la tâche parfaite que rien ne peut remplacer » (Émilie Dickinson), le nid fraternel ici décrit devient alors le seul endroit sûr pour ces deux êtres fragiles qui les protègera. Grâce à une vie voulue ordonnée, paisible et ailée.

Leur quotidien, leurs habitudes s’écrivent sous les yeux du lecteur, alors que montent les champs d’amour d’oiseaux et que la patience du frère cadet devient plus qu’exemplaire.

Comme souvent dans la littérature du soleil levant, on trouve ici une ode à la douceur, au calme, à la lenteur et surtout au respect de la différence. Cette histoire de deux frères japonais hors normes qui ont su créer leur propre langage et se protéger des hommes ne peut que toucher notre sensibilité et bouleverser nos âmes. La poésie qui émane de ce texte en fait un livre inoubliable.

 

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