lalalangue (prenez et mangez-en tous) de frédérique voruz

Résumé éditeur :

À l’origine, il y a le mythe : une jeune femme enceinte gravit les calanques de Marseille avec l’homme qu’elle aime. La montagne est toute sa vie. Mais un rocher se brise. Son homme l’entraîne dans sa chute. La jeune femme tombe dans le coma. À son réveil, apprenant la perte de ses jumeaux et d’une de ses jambes, elle aura ces mots : « Je me vengerai sur les enfants. » Cette femme, la mère de l’autrice, a tenu sa promesse.

Frédérique est la petite dernière et son enfance, elle l’a passée à composer avec la honte, le mystique, la peur et l’effroi.

Les prothèses de sa mère unijambiste. Les Nocturnes de Chopin joués par son père-fantôme.

Les amis clochards avinés dans le salon et l’obsession de récupérer pour ne pas gâcher. Le refus du plaisir.

Pour gagner ce paradis hypothétique. Et Jésus-Christ. Ce radin voyeur qui a gardé un œil sur elle en toute occasion. Les croyances et les expressions consacrées d’une famille, et la folie dévastatrice d’une mère. Mais le rire aussi, et cette recherche du regard qui bouscule ce qu’on croyait éternel : sur la scène de théâtre ou le divan de l’analyse, la parole comme arme de guérison.

Avec un sens de l’observation sans complaisance sur les siens et sur elle-même, et un humour féroce, Frédérique Voruz offre avec ce premier livre un récit glaçant sur une enfance en milieu hostile, un conte cruel où l’ogre se fait ogresse, une prodigieuse œuvre de survie.

★★★★☆ Lecture agréable, fort plaisante.

Avis:

Dans la série  » famille toxique – comment je m’en suis pas trop mal sortie « , voici « Lalalangue (prenez et mangez-en tous) » de Frédérique Voruz.

Ce livre facile et rapide à lire fût reçu dans le cadre d’une masse critique privilégiée. Ceux qui me suivent un peu savent que le sujet me touche et m’intéresse. Il m’était  donc impossible de passer à côté.

F.V. raconte… à sa manière sa mère, inféodée à ses névroses et à son « délire mystico-médiéval » . Elle humilie, bafoue constamment ses enfants. Frédérique, petite dernière d’une fratrie de 7 enfants ( encore vivants ) nous raconte comment elle est parvenue à transformer son histoire familiale en une épopée tragico-comique dont elle est finalement devenue l’architecte et l’héroïne.

Par la force des mots, d’abord au travers d’une longue psychanalyse, puis grâce au  théâtre d’Ariane Mouchkine (excusez du peu), et enfin par l’écriture de ce spectacle LALALANGUE, une mise à distance sensée avec cette mère à moitié zinzin et néanmoins toute puissante en sa maisonnée a été envisageable. Ouf !

En nous racontant sa lourde histoire familiale dans laquelle les parents n’en sont pas vraiment, c’est un parcours intime devenu  » histoire à dire  » en public puis  » histoire à lire  » qu’elle dévoile non sans humour parfois.

Le préambule est magnifique. Il est écrit par un autre homme de théâtre.

Couper les ailes de ses enfants,  » se venger sur eux… » d’un ancien drame vécu… , je ne sais pas cependant si les choses peuvent se résumer ainsi.

Il me semble surtout que l’auteure nous raconte une société, un temps où les parents contrôlaient actes et pensées de leur progéniture sans l’ombre d’un doute sur le bien-fondé de leurs agissements.

Même sans l’accident dramatique dont elle fut la victime, je parie fort que les choses auraient peut-être tourné de manière équivalente. La folie de la religion a peut-être également participé un peu plus à ce grand délire familial dans lequel les hommes ne contrebalancent hélas jamais les excès féminins.

Voici donc un texte intéressant où chacun peut en apprendre sur le pouvoir des mots et l’envahissement familial qu’ils déclenchent.

Le spectacle devait être fort touchant et rapporter sûrement mieux les émotions que la forme papier. Mais je ne boude pas mon plaisir.

Merci à Babelio pour sa confiance et aux éditions Harper Collins. Merci à l’auteure pour son courage.

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