les dames de kimoto de sawato ariyoshi

 

Résumé éditeur :

Elles sont trois, ces dames de la famille Kimoto, avec leurs amours, leurs passions, leurs drames qui nous racontent le destin de la femme japonaise de la fin du XIXe siècle à aujourd’hui.

Toyono, la grand-mère, incarne la tradition, immuable, ancestrale ; Hana, figure centrale du roman, va se trouver déchirée entre le passé et ses aspirations personnelles avant de devoir affronter la génération montante en la personne de Fumio, sa fille, qui, après de violents conflits, saura prendre des temps anciens et des temps nouveaux ce qu’ils ont de meilleur.

★★★★☆ : Lecture agréable, fort plaisante.

Avis :

Depuis plus d’un siècle, la littérature a pour fonction, bien souvent, de dévoiler la face cachée de la vie, sans perdre sa fonction esthétique première. « Les dames de Kimoto », roman japonais écrit par une femme et publié en 1959 au pays du soleil levant correspond à cette idée.

Ce roman à l’écriture moins épurée qu’on ne pourrait s’y attendre dans ce type de littérature (fuyons les idées préconçues) est un texte historiquement marquant, car il dépeint  (dénonce ?), et ce dès le début des années 60, la condition féminine dans une société à la tradition écrasante. Le Japon.

La pression des lourdes traditions patriarcales exercées sur l’héroïne et sa grand-mère s’écrit avec précision, même si c’est entre deux cérémonies du thé et une petite soupe au miso.

En trois parties, toute la trame du récit s’étend de Toyono, figure traditionnelle inflexible, à Hana, bourgeoise provinciale soumise et dévouée à toute la structure sociale, puis à Fumio, la fille rebelle aux visions passéistes des femmes de sa famille (et surtout de sa mère !), et enfin à Hanako, la petite dernière, douce passeuse des traditions ancestrales. Avec elle,  « l’intergénérationnel » prendra toute sa place.

Certains diront que les maîtresses de maison représentent ici la force du Japon, mais j’en ai fait une autre lecture plus personnelle ; j’y ai surtout vu des portraits de femmes broyées par l’espace domestique, l’ordre social d’alors et la légendaire symbolique nippone des éléments naturels à n’en plus finir (Ah… les longues explications sur l’écoulement des eaux du fleuve Ki et les unions maritales ! Tout un programme…).

Cette lecture fut plaisante pour moi dans sa très grande majorité, car elle lève un voile insoupçonné sur l’époque d’Edo (1603 -1668) et traverse la première partie du 19e siècle japonais en relatant intelligemment les ressentis des femmes, leurs modes de vie, ainsi que les conflits traversés par le Japon. Son aspect historique m’a donc autant touché que l’aspect féminin.

Je regrette juste que la fin de l’histoire ait un goût ambigu quant au  positionnement d’Hanako. L’héritage de tradition ancestrale entre la grand-mère et la petite fille reste flou, et surtout immuable.

Ce roman, doux en apparence, nous permet malgré tout de nous éloigner, tant que faire se peu, de l’image fantasmée du Japon qui n’est pas uniquement fait de cerisiers en fleurs, de geisha dans leur bain moussant contemplant le mont Fuji, de  jardins zen et j’en passe. Pour avoir séjourner au Japon, certains points du récit m’apparaissent plus clairs maintenant, et notamment ces serveuses ou vendeuses qui se baissent une bonne dizaine de fois pour tout et rien à la fois.

Ce roman historique reste un texte culte pour qui s’intéresse à la culture nippone et c’est ce qui fait sa force. Son style est agréable et travaillé.

Je vais maintenant de ce pas le lire sous forme de BD, Japon quand tu nous tiens ! https://www.babelio.com/livres/Bonin-Les-dames-de-Kimoto-BD/1401755.

 

 

 

 

 

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