Le parfum des fleurs la nuit de Leila SLIMANI

Résumé éditeur :

Comme un écrivain qui pense que « toute audace véritable vient de l’intérieur », Leïla Slimani n’aime pas sortir de chez elle, et préfère la solitude à la distraction. Pourquoi alors accepter cette proposition d’une nuit blanche à la pointe de la Douane, à Venise, dans les collections d’art de la Fondation Pinault, qui ne lui parlent guère ?

Autour de cette « impossibilité » d’un livre, avec un art subtil de digresser dans la nuit vénitienne, Leila Slimani nous parle d’elle, de l’enfermement, du mouvement, du voyage, de l’intimité, de l’identité, de l’entre-deux, entre Orient et Occident, où elle navigue et chaloupe, comme Venise à la pointe de la Douane, comme la cité sur pilotis vouée à la destruction et à la beauté, s’enrichissant et empruntant, silencieuse et raconteuse à la fois.

C’est une confession discrète, où l’auteure parle de son père jadis emprisonné, mais c’est une confession pudique, qui n’appuie jamais, légère, grave, toujours à sa juste place : « Écrire, c’est jouer avec le silence, c’est dire, de manière détournée, des secrets indicibles dans la vie réelle ».

C’est aussi un livre, intense, éclairé de l’intérieur, sur la disparition du beau, et donc sur l’urgence d’en jouir, la splendeur de l’éphémère. Leila Slimani cite Duras : « Écrire, c’est ça aussi, sans doute, c’est effacer. Remplacer. » Au petit matin, l’auteure, réveillée et consciente, sort de l’édifice comme d’un rêve, et il ne reste plus rien de cette nuit que le parfum des fleurs. Et un livre.

★★★★★ Que du bonheur !

Avis :

Alors qu’elle a un roman à écrire, et bien peu d’envie de sortir de chez elle, Leila Slimani accepte quand même de se laisser enfermée une nuit dans le musée la Punta della Dogana, musée d’art contemporain situé dans les anciennes douanes de Venise.

Mais qu’est donc venu faire (ou ne rien faire) cette jeune écrivaine pourtant insensible à l’art contemporain ??? Quelle raison principale a fini par la convaincre ?

 » Que personne ne puisse m’atteindre et que le dehors me soit accessible. Être seule dans un lieu dont je ne pourrais pas sortir, où personne ne pourrait entrer. Sans doute est-ce un fantasme de romancier. »

Comme on pouvait s’y attendre avec Leïla Slimani, sa plume sensible et ses pérégrinations mentales (jamais poussives) éclairent sa nuit enfermée ; les réflexions multiples aussi douces que lucides, rendues magiques grâce à l’isolement artistique, s’avèrent délicieuses à lire. Propos multiples sur le métier d’écrivain et POUVOIRS de la littérature emplissent son texte, son franc parler ne résiste pas, lui non plus, aux effets inattendus de cette expérience humaine inattendue et incongrue.

J’ai aussi beaucoup aimé la délicieuse éloge du refus et les pouvoirs de la contrainte qu’elle dresse.  « Dire NON, se restreindre, c’est s’ouvrir à une belle forme de liberté. » Quand LS se fait philosophe, les mots s’épicent, se teintent de références culturelles, et se transforment en une superbe occasion, celle de nous communiquer ses rapports à la création littéraire, à l’enfance… à la condition humaine.

Ni essai, ni roman, pas d’intrigue, pas d’héroin(e), non, juste les effets de la nuit et d’un espace clos sur l’âme créative d’une belle personne prudente, sensible mais ouverte.

« Cette nuit mes disparus vont me rejoindre », le souvenir de son père et du scandale politico-financier dont il fut victime la hante. Elle n’a pas peur de livrer des pans de sa vie actuelle comme ancienne. Son écriture fluide, proche de l’oralité permet cette proximité incroyable entre le lecteur et l’auteure.

J’aime profondément les écrits de Leila Slimani, sa profonde humanité, son respect de l’autre et spécifiquement des opprimés (femmes, homosexuels dans certains pays), sa lutte contre l’ostracisme religieux, sa mixité culturelle, son courage… c’est aussi de ça dont elle parle.

On devine sa personnalité sauvée par la thérapie créative, sa cérébralité inassouvie… c’est une radiographie intimiste qu’établit là Leila Slimani, et j’en redemande.

Seul regret dans la lecture de ces délicieuses méditations et réflexions, qu’elle ait dévoilé une partie importance de son texte en multipliant les interviews à la sortie de son livre.

Petit conseil avant de la lire, couper la radio et la télé.

Fuyez les Podscast  : »Leila SILMANI Le parfum de fleurs la nuit ».

 

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