les enfants sont rois de delphine de vigan

Résumé éditeur :

« La première fois que Mélanie Claux et Clara Roussel se rencontrèrent, Mélanie s’étonna de l’autorité qui émanait d’une femme aussi petite et Clara remarqua les ongles de Mélanie, leur vernis rose à paillettes qui luisait dans l’obscurité. « On dirait une enfant » pensa la première, « elle ressemble à une poupée » songea la seconde.
Même dans les drames les plus terribles, les apparences ont leur mot à dire. »

A travers l’histoire de deux femmes aux destins contraires, Les enfants sont rois explore les dérives d’une époque où l’on ne vit que pour être vu. Des années Loft aux années 2030, marquées par le sacre des réseaux sociaux, Delphine De Vigan offre une plongée glaçante dans un monde où tout s’expose et se vend, jusqu’au bonheur familial.

★★★☆☆  J’ai un peu aimé.

Avis :

Les réseaux sociaux sont partout, qu’on y « traine », ou pas, ils emplissent nos conversations tant ils représentent un tournant majeur dans notre société. Delphine DE VIGAN aime plus que tout raconter ceux qui sont étrangers à eux-mêmes, ceux qui ont perdu leur liberté d’action, avec les réseaux sociaux elle a été servie.

Dans son histoire, les personnages principaux sont de sexe féminin, Mélanie et Clara, la première a grandi le nez (et surtout l’esprit) collé à « Loft Story », la seconde, enquêtrice-procédurière est devenue flic par réaction à son milieu d’intellos de gauche ( !).

Entre ces deux femmes, il y a une petite fille qui se volatilise.

Ce récit s’articule autour de cette disparition et de l’avancée du travail de la policière Clara. Sa rigueur s’oppose à la personnalité de la mère, Mélanie, quoique dans le déroulé de ses journées de mère influenceuse, il me semble qu’on sent beaucoup de rigueur aussi…

Les deux enfants de cette dernière, devenus sur Insta et Youtube de vraies stars grâce à leur chère maman (et leur papa qui a même cessé de travailler pour les « aider ») ont une existence bien particulière, et c’est ce qui va nous être révélé à travers cette enquête romancée.

Nous y découvrons qu’en France, de nombreuses familles se mettent en scène avec leur marmaille, animaux, meubles, caddies de course et j’en passe, pour gagner des sous, donner un sens à leur existence ( ! ) se faire des tas de (faux) amis, et avant tout satisfaire « cette volonté d’être vu, reconnu, admiré » l’ensemble étant (bien entendu) « régi par le culte de l’égo ».

Pour ce faire, il faut se montrer, se filmer, faire croire aux followers qu’on les aime, les nourrir d’images, bref, c’est un vrai roman sociétal qui nous est donné à lire.

Voici quelques mots du lexique narcissico – économique  de ce « drôle » de business : faire une story, liker, faire le buzz, organiser un challenge-cheese (un « challenge » qui consiste à envoyer – sans prévenir –  une tranche de fromage fondue  –   pas trop chaude quand même – sur le visage de sa progéniture pour filmer sa réaction), un instagramer, un post sponsorisé, unboxing, une wishlist, etc…

Ces influenceurs sont parfois très jeunes tout en se montrant déjà comme des professionnels aguerris. A cause de leurs parents (c’est mieux que « grâce à ») ils exposent leur image, ils sont montrés dans de savantes, ou simplissimes mises en scène de leur quotidien ; le show est garanti en continu (« on ne vous oublie pas car on vous aime ») pour promouvoir un produit selon les termes d’un contrat passé avec une marque, ou ne pas couper les « liens » virtuels avec ces GENS qui vous « suivent »…

Or, cette pratique n’est pas sans risque. Outre les risques psychologiques, de déscolarisation, de cyberharcèlement, voire de pédopornographie, le travail des enfants sur les plateformes de vidéo soulève des cas de responsabilité concernant les parents, les proches, les plateformes et les annonceurs.

J’ai mieux compris, grâce à ces enfants « rois » comment les pièces du puzzle s’emboitent pour rendre le plus lucratif possible sa petite famille surexposée, tout en gonflant son égo malade.

Hélas, mise à part la quête de la vérité, et la part sociale de ce texte, je ne me suis pas régalée, comme souvent avec les textes de Delphine de VIGAN, j’ai juste apprécié un peu…

J’attendais que l’auteure nous permette de nous interroger, nous secoue, nous remue, mais l’histoire est ainsi menée que son ton froid, presque clinique dessert son récit texte.  La plume de D. de Vigan manque, pour moi, d’émotion, de vibrato… son style cache les ressentis, hormis quelques larmes, mais lors d’un bref moment de craquage, pas plus.

Pour info, selon mes humbles recherches, la Loi du 19 octobre 2020 vise à encadrer l’exploitation commerciale de l’image d’enfants de moins de seize ans sur les plateformes en ligne. …
L’activité des enfants de moins de 16 ans dont l’image est diffusée sur les plateformes de vidéos en ligne est dorénavant réglementée.

Néanmoins, contrairement à ce que proposait le texte de loi d’origine, la responsabilité des plateformes reste théorique, aucun mécanisme contraignant n’ayant été mis en place. Dès lors, il n’est pas certain que la loi du 19 octobre 2020 apporte une réponse à la hauteur des enjeux du sujet.

Enfin, n’oublions pas qu’en « qualité » de followers et d’ abonnés en tout genre, il est de notre devoir de regarder au mieux où vont nos abonnements, sachant que nos éventuels likes sont tracés par les logiciels maléfiques.

Mais quand on observe, dès que quelques minutes d’attente s’installent, les 99% des personnes autour de nous qui se ruent sur leur téléphone portable, là où avant, on aurait regardé son voisin, peut-être dit quelques mots, ou sourit, ou pourquoi pas sorti un livre, on se dit que le ciel est orageux et Big brother, pas très loin.

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