Résumé éditeur
Montpellier, janvier 1709. La cité renaît de ses cendres après un siècle de guerres de Religion. Espérance, que son défunt père a placé sous la protection de Magnol, directeur du Jardin des plantes, pénètre dans une ville paralysée par un hiver de glace. Avec François de Lapeyronie, chirurgien réputé de la ville, ils vont chercher à élucider le meurtre d’une femme dont le corps a été retrouvé dans la chapelle des Pénitents blancs.
Au fil de l’enquête, Magnol et ses amis de la Société royale des sciences découvrent les agissements des envoyés de Venise : du fond des ateliers de potiers des quais du Merdanson ou autour du Jardin royal des plantes, ils convoitent la recette d’un remède universel se vendant à prix d’or, la thériaque. Leur but ? Redorer le blason d’une puissance vénitienne qui ne tolère plus de se voir supplanter par sa rivale méditerranéenne.
Tous les moyens semblent bons pour s’en emparer…
★★★★☆ Lecture agréable, fort plaisante.
Critique
Avec La Vénitienne des Pénitents blancs c’est un ouvrage bien original qu’il m’a été offert de lire dans le cadre de la dernière masse critique – polar policier, et je remercie vivement Babelio ainsi que les Éditions Privat pour m’avoir fait confiance pour cette lecture.En effet, ce qui m’a d’abord particulièrement plus c’est que s’y croisent à la fois des personnages fictifs et des personnages réels, et pas des moindres, puisque François Gigot de Lapeyronie et Pierre Magnol sont les « héros » principaux de ce polar historique. Ces noms ne vous disent rien et pourtant. .. le premier fut un éminent chirurgien, notamment le premier chirurgien et confident du roi Louis XV (un CHU montpelliérain porte son nom) et probablement à l’origine de l’ordonnance royale du 23 avril 1743, qui scella définitivement la séparation entre chirurgiens et barbiers.
En ce qui concerne Pierre Magnol (en hommage de qui on nommera le magnolia !), médecin féru de plantes, ses ouvrages de botanique où il décrit plus de 2 000 espèces, et son système moderne de classement des plantes par famille de botanique en font le plus grand botaniste de son époque. Autant dire que La Vénitienne des Pénitents blancs parle beaucoup de l’état des sciences en ce début du siècle des Lumières.
Ainsi, ces deux acolytes et une délicate orpheline protestante (ne sous estimons jamais le pouvoir des sensibles orphelines dans la littérature) nous guident à travers la ville de Montpellier pour faire cesser une série de meurtres qui mettent à mal les nerfs de Basville, terrible intendant du Languedoc représentant du roi de France dans la (rebelle) cité catholique.
Toute la province au bord de la famine est en proie à un hiver glaciaire.
Villes et campagnes « emprisonnées dans une gangue transparente » guettées par les maladies et l’insurrection sortent déjà douloureusement des terribles guerres de Religion qui ont ensanglanté et traumatisé à jamais ce sud de la France.
Dans une langue précise et gracieuse à la fois nous est narrée cette enquête menée dans ce contexte difficile à travers un Montpellier totalement inconnu à nos yeux, le Montpellier du début du 18ième, et c’est ce que j’ai vraiment adoré dans ce texte.
Entre les espions méditerranéens, la médecine (boucherie !), la vie des petites gens et des autres castes de la société d’ancien régime, la lecture devient dépaysement complet, avec en sus une intrigue « policière » qui se tient.
Le clou du spectacle étant pour moi la description parfaitement menée de la ( re ) prise en main de la capitale du Languedoc par le terrible et sournois représentant du pouvoir royal. On avait oublié ça, cette forme dictatoriale de l’autorité.
Le travail documentaire est impressionnant, et pourtant l’auteur ne tombe jamais dans la surenchère d’informations historiques. J’aurais cependant apprécié un plan de la ville de l’époque pour mieux suivre le périple de nos enquêteurs, mais j’ai d’autant plus savouré ce livre que j’habite dans la région. du plaisir en plus donc.
Seul bémol, le livre aurait, selon moi, gagné en force, en ajoutant des informations sur les personnages secondaires. Quand on aime, on en veut toujours plus.