Résumé éditeur
Homo Sapiens, c’est nous, et depuis longtemps car 200 000 ans, ce n’est pas rien. De nouvelles techniques permettent de voir à l’intérieur des fossiles, entre protéines, gènes et anatomie. Mais finalement, savons-nous vraiment qui nous sommes ? Antoine Balzeau, paléoanthropologue à la pointe de ces recherches, nous dresse un bilan de ce que la science actuelle peut véritablement déduire et conclure sur notre (pré)histoire et sur ce que cela peut nous apporter pour bâtir notre futur.
★★★★★ Que du bonheur !
Critique
Quand Babelio a proposé, dans le cadre de sa dernière masse critique, une bande dessinée sur Homo sapiens toute droite sortie du Muséum d’histoire naturelle de Paris, en « bonne » bipède que je suis j’ai sauté à deux pieds sur l’occasion.
Passionnée depuis la tendre enfance par la paléontologie et la paléoanthropologie, je ne pouvais être que ravie de cette proposition de lecture.
Merci donc pour cet envoi qui m’a plus que comblée, même si son contenu ne correspond pas vraiment à ce que j’en attendais.
Bien plus scientifique et fouillée que je ne le pensais, cette petite bande dessinée m’a appris un nombre de choses étonnantes et passionnantes, avec la dose d’humour donnant à toute chose un goût de « j’ai bien fait de passer par là ».
Publié dans la collection La petite bédéthèque des savoirs, cet ouvrage rédigé par un chercheur du CNRS paléoanthropologue étudiant la morphologie interne du crâne et du cerveau chez les hommes préhistoriques va plus loin qu’un simple état des lieux.
D’abord, il nous apprend l’humilité, à savoir… rester raisonnable dans les interprétations que les scientifiques proposent. » Ne croyez pas tout ce que disent les chercheurs, certains ont plus d’imagination que d’autres ! » (et notamment certains pays). Certes, notre compréhension s’affine, et les techniques d’analyse se développent, mais les questions restent nombreuses. Il nous faut donc conclure avec la science et non pas avec nos préjugés. Première leçon !
Où l’on découvre que Homo Sapiens n’est pas plus intelligent que les autres espèces, mais plus collaboratif, qu’on n’est absolument pas certain que Madame restait au fond de la grotte à se geler, pendant que Moooosieur courrait après le mammouth, etc…
Quel bonheur de le faire tomber de son piédestal (« Homo Sapiens pas « Monsieur » ), lui qui se révèle n’être qu’un animal comme les autres du point de vue biologique.
Nous est ensuite longuement expliqué pourquoi la diversité humaine quelque soit le critère considéré est continue et doit résister à toute tentative de classification arbitraire, que nous avons plus de points communs que nous ne pouvons l’imaginer avec des personnes vivant à des milliers de kilomètres, puisque » même le plus obtus des racistes, persuadé que tous ses aïeuls viennent de son quartier, a des ancêtres appartenant aux populations qu’il hait, sans même savoir pourquoi ! » Gloups !Nous avons des nationalités, des langues, des religions et des cultures différentes, mais notre hérédité commune fait que nous sommes biologiquement tous les mêmes.
Pas de propagande. Mais des faits scientifiques avérés. Le tout mis en images avec humour et intelligence par Pierre Bailly, auteur incontournable du journal Spirou et auteur à succès de séries pour la jeunesse.
Évidemment, c’est aussi l’histoire d’Homo Sapiens qui est racontée ; la chronologie des premières analyses qui se heurtèrent au dogme chrétien (en introduction) est un peu ardu, et (selon moi) est à réserver aux adultes, mais cependant très intéressante.
Qui sommes-nous vraiment, nous Homo Sapiens sur terre depuis 200000 ans ?
Entre « concepts scientifiques « parfaitement expliqués (évolution, adaptation, espèce… ) et quelques excursions préhistoriques qui remettent pas mal de pendules à l’heure et montrent que tout ne s’est pas passé en un lieu et en quelques instants, ce tout petit livre explique clairement la grande histoire de notre humanité, et c’est un régal à lire.
Je me dis d’ailleurs que lorsqu’on est invité quelque part, on ferait mieux d’offrir ce genre de petit bijou aux enfants du foyer (ahh !!! le feu maîtrisé par Homo Erectus il y a 500 000 ans ) au lieu d’acheter une fleur périssable venant de Hollande à la maman.
Méditation très personnelle, je vous l’accorde.
Je pense que je vais poursuivre cette collection afin de la partager autour de moi avec tous les petits curieux de 8 à 99 ans.