Résumé éditeur
C’est l’été, la saison préférée de Blanca. Après le décès de sa mère, elle quitte Barcelone pour s’installer dans la maison de vacances familiale de Cadaqués. Sur cette terre riche des souvenirs de son enfance, sous le soleil de la Méditerranée, elle cherche l’apaisement. Mais elle ne part pas seule, une troupe disparate et invraisemblable l’accompagne : ses deux ex-maris, les fils qu’elle a eus d’eux, ses amies Sofía et Elisa, son amant Santi et, bien entendu, sa mère défunte, à qui elle ne cesse de parler par-delà la mort, tant cette disparition lui semble difficile et inacceptable. Les baignades, les promenades en bateau et les siestes dans le hamac vont se succéder, tout comme ces longs dîners estivaux au cours desquels les paroles s’échangent aussi facilement que les joints ou les amours. Les souvenirs affleurent alors, faisant s’entrelacer passé et présent. Blanca repense à cette mère fantasque, intellectuelle libre et exigeante, qu’elle a tant aimée et tant détestée. Elle lui écrit mentalement une lettre silencieuse et intense dans laquelle elle essaie de faire le bilan le plus honnête de leur relation douloureusement complexe. Elle lui dit avec ses mots tendres, drôles et poignants que face à la mort elle choisit l’élégance, la légèreté, la vie. Elle lui dit qu’elle choisit l’été et Cadaqués car elle sait que ça aussi, ça passera. Livre événement de la Foire de Francfort 2014, traduit et publié dans une trentaine de pays, ce deuxième roman de Milena Busquets est un petit prodige d’équilibre et d’intelligence.
★★★★☆ Lecture agréable, fort plaisante.
Critique
Un petit passage récent par Cadaquès a fini de me convaincre de lire ça aussi, ça passera, le livre de Milena Busquets qui se déroule en grande partie dans ce pittoresque village blanchi et ultrachic espagnol.
Ce court roman a pour toile de fond le « travail » du deuil entre une fille et sa mère, aux relations autrefois (évidemment) tumultueuses.
Accompagnée de ses deux enfants, de ses deux ex-maris, deux amies proches et de son amant, l’héroïne, « vierge de la mort », décide de se confronter à sa nouvelle réalité et de partir en vacances au bord de la mer dans la maison familiale de Cadaquès.
Dans le tumulte savamment organisé comme il se doit dans cette famille de bobos espagnols, grâce aux rires et aux disputes agrémentés de la très bonne description de l’ambiance estivale de frivolité sous le soleil espagnol, les souvenirs remontent à la surface, et Blanca renoue les fils de sa vie pour retrouver une place dans ce monde.
Sans sa mère mais dans le cœur de ceux qui sont encore là.
J’ai apprécié la palette de personnages tous bien campés que nous offre dans ce roman largement inspiré de sa propre histoire Miléna Busquets, avec un texte alternant entre gravité et légèreté, et témoignant des ressources propres à l’héroïne pour mettre à distance le spectre de la mort.
Ici, en l’occurrence, c’est une activité sexuelle démultipliée qui lui permettra de garder foi en la vie. ( !) car « le sexe te cloue dans l’instant, t’oblige à être présent. Quand tu es un peu mort, seul le sexe te fait sentir en vie ».
Ce roman nous parle du deuil et de la douleur incommensurable de la perte des êtres proches ; et c’est ce qui fait l’essence de ce texte unique.
Grâce à une écriture spontanée et crue, avec un rythme tonique mais pensé, les émotions et les pulsions de cette femme-enfant nous sont parfaitement décrites dans un livre désarmant, où palpitent sensualité, désir et vitalité.
J’ai donc adoré la douceur palpable qui se dégage de ce texte et de son personnage principal ; c’est pour moi un coup de poing qui me restera longtemps en tête après en avoir tourné la dernière page.