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Au coeur du Yamato de AKI SHIMAZAKI – Juste lire, par Agnès

Au coeur du Yamato de AKI SHIMAZAKI

Résumé éditeur

Après l’immense succès du cycle Le   Poids des secrets, Aki Shimazaki en a achevé un deuxième, ici proposé dans son intégralité : intitulé Au cœur du Yamato, il est composé des romans Mitsuba, Zakuro, Tonbo, Tsukushi et Yamabuki qui peuvent se lire indépendamment ou dans l’ordre que l’on voudra.

Avec l’écriture discrète, élégante et pleine d’empathie qu’on lui connaît, Aki Shimazaki met en évidence, à travers le silence mensonger des hommes, l’insondable douleur de vivre dans le secret et la violence des lois sociales au Japon.

★★★★★ Que du bonheur !

Critique

« La floraison des cerisiers ne dure pas. L’essentiel on l’attrape en une seconde. Le reste est inutile. » Ce qu’écrivait ainsi en 2014 Christian Bobin dans  La grande vie  représente à merveille LA petite touche japonaise si unique qui m’émeut toujours autant.

C’est avec émotion et plaisir que je l’ai retrouvée, cueillie et appréciée dans la pentalogie Au cœur du Yamato.

Les cinq très courts romans Mitsuba, Zakuro, Tonbo, Tsukushi et Yamabuki d’Aki Shimazaki réunis dans ce coffret, et écrits après l’immense succès de son précédent cycle Le Poids des secrets  sont des délices.

La discrète écriture de cette auteure japonaise qui vit au Canada et rédige ses textes en français, se caractérise toujours par des phrases courtes et simples, une élégance lexicale particulière et une empathie pour tout ce qui nous relie au vivant. Un élément de la nature (végétal ou insecte) pour chaque titre de livre symbolise la problématique de l’histoire correspondante.

Dans ce véritable précis d’art de vivre à la japonaise, Aki Shimazaki met à jour cinq courtes trajectoires de vie qui s’entrecroisent, s’entrechoquent et se caressent parfois aussi. La violence terrible des lois sociales au Japon, la vulnérabilité des salariés et des cadres, la solitude des femmes sont les éléments majeurs de ses textes.

Nous lisons les histoires d’un jeune cadre japonais qui tombe amoureux au moment où sa société lui propose un poste important dans une succursale à l’étranger (Mitsuba), d’un mensonge familial provoqué par les drames politiques de la Grande Histoire (Zakuro), d’une jeunesse assombrie par le suicide du à la violence sociale et ressuscitée par une visite inattendue (Tonbo), la double vie bouleversant un équilibre qu’on croyait inaltérable (Tsukushi), et les cinquante-six années d’harmonie conjugale narrées par une vieille épouse dans une vie personnelle ayant été rythmée par des événements tragiques qui partent de la défaite de 1945 au capitalisme tyrannique d’aujourd’hui (Yamabuki). Les personnages principaux sont liés entre eux.

Le style dépouillé de l’auteure peut surprendre au départ, agacer même, puis force est de lui reconnaître qu’il épouse onctueusement les personnages, puis restitue admirablement les douleurs et les joies de la petite et la Grande histoires. Quand les mentalités japonaises se montrent au travers d’un puzzle polyphonique subtile et instructif, la lecture est alors un grand moment de plaisir.

L’inexpression des individualismes est parfaitement rendue, et les principales coutumes du Japon transparaissent à chaque instant : comme Koroko (Le cœur et l’esprit), karada (les liens avec le corps), shukanka (créer l’habitude), shinri-yoku (« nourri pas la nature »), wabi-sabi (« la beauté de la perfection et de l’impermanence »), ikebana (« l’art de la composition florale »), et plus encore.

Voici donc tous les petits cailloux qu’a glissé Aki Shimazaki dans cette pentalogie que je recommande de lire dans l’ordre. Une heure pour chaque volume suffit.

Dans ce portrait du Japon édifiant et jamais caricatural, j’ai retrouvé tous les éléments forts (observations, expériences, témoignages) relevés lors d’un précédent périple au pays du soleil Levant, nation fascinante et inquiétante à la fois.

Une lecture à poursuivre par celle des chroniques d’un français ayant vécu au Japon, De geishas en mangas de Cyrille Vigneron.

 

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