Résumé éditeur
Czentowic, champion d’échecs arrogant, esprit borné à outrance, inculte et étonnamment stupide, occupe le premier plan jusqu’à l’entrée en scène de Monsieur B. Dès lors que cet aristocrate autrichien s’intéresse à la partie livrée entre le champion et les passagers amateurs, la direction du texte bascule.
Par un effet de symétrie, la narration se transforme en un face à face tendu entre un esprit brillant et rapide à l’intelligence abstraite et un cerveau au pragmatisme brutal, incapable de projection véritable. Mise en scène percutante de la résurrection de la folie, cette nouvelle oscille entre ouverture et enfermement.
Dans cette avancée implacable de la stupidité destructrice, allégorie de la victoire du nazisme mais aussi chef-d’œuvre de composition, Zweig s’intéresse peu à la survie du corps, préférant montrer les réactions de l’esprit, qui trouve un symbole parfait dans ce jeu éminemment intelligent mais désespérément stérile.
Publié en 1943, un an après le suicide de son auteur, Le Joueur d’échecs fait figure de testament dans l’œuvre de Zweig.
★★★★★ Que du bonheur !
Critique
Le joueur d’échecs est le dernier récit écrit par Stefan Zweig.
Au-delà du face-à-face haletant pour une partie d’échecs, Zweig semble régler ses comptes avec ses propres démons, tout en méditant sur sa situation d’exilés et sur la monstruosité nazie qui a réduit à néant son idéal humaniste, pendant que ses ouvrages étaient détruits dans sa chère Vienne natale.
Voici une histoire aussi brève que bouleversante, car c’est comme un requiem où l’échiquier devient le miroir d’un monde dans lequel le monde a perdu la partie, face à la barbarie.