Résumé éditeur
Bienvenue à Montfort-sur-Sèvre. Trois mille habitants, sept clochers, deux pensionnats privés. Ce petit bourg de l’ouest de la France ressemble au décor figé d’une boule à neige. Un microcosme vivant au rythme de vieilles habitudes où Camille Vollot exerce le métier de boucher auprès de son frère Romain qui a repris les rênes de l’entreprise familiale.
Pourtant, un matin d’avril, sans que rien ne puisse le laisser présager, le premier drame d’une longue série va ébranler ces confins paisibles de la Vendée et bouleverser la vie de Camille Vollot jusqu’à l’emporter dans un combat idéaliste contre son frère aîné.
Comme dans les textes fondateurs, l’affrontement de deux frères marque la fin d’une époque. Dans nos campagnes, c’est tout un système de production agricole et de surexploitation du sol qui s’écroule, contesté par les nouvelles méthodes d’avant-garde comme l’agroforesterie et la permaculture prônées par les paysans de La Louve. À Paris, c’est l’avènement d’une nouvelle gastronomie et la ruée vers des produits à la mode, sains et authentiques – à n’importe quel prix.
Des temps de changement qui suscitent autant de conflits que d’espoirs fous et ouvrent des brèches béantes à l’avidité d’imposteurs comme Raoul Sarkis qui ne demandent qu’à se servir.
★★★☆☆ J’ai un peu aimé.
Critique
Quelle joie de pouvoir lire un roman qui traite d’écologie et de la volonté d’une minorité de producteurs soucieux de se démarquer de la culture intensive et de la grande production.
Ma joie fut grande de découvrir cette histoire de fratrie particulière, avec une opposition intellectuelle franche entre les deux frères, tels Caïn et Abel, le tout au coeur du bocage vendéen contemporain.
Assez vite, cette dualité laisse place à un personnage essentiel dans ce récit, le financier qui, tel Machiavel tissera sa toile sans respect aucun pour l’humain comme le végétal.
La culture du sol est un langage qu’il faut apprendre, car on doit comprendre comment il résonne à l’échelle de l’écosystème. C’est que ce roman nous permet d’explorer aussi l’historique des effets à court comme à longue échéance des produits issus de l’industrie pétrochimique sur l’environnement.
L’agriculture intensive chimique de la PAC en prend pour son grade. J’ai adoré ça !
De plus, ce roman passe aussi au crible les défauts de quelques bobos parisiens, communauté qui se dit gastronomique, mais qui parfois trompe la nature et le paysan, en se mentant à elle-même.
Le conservatisme dominant, le pouvoir des syndicats des agriculteurs intensifs y sont finement décrits.
La louve est un personnage féminin, essentiel par sa personnalité engagée droite et aimante. Il est d’ailleurs amusant de constater qu’une coopérative parisienne porte actuellement ce nom.
Paul-Henri BIZON nous offre donc là un texte politique, culotté et courageux.
D’un sujet qui n’intéresse pas encore la littérature romanesque, parce qu’il dénonce et bouscule un ordre établi, l’auteur réalise une histoire qui se tient bien et qui annonce que la vérité doit être dite. A tous. le roman devient engagé et sert aussi à dénoncer.
J’ai beaucoup apprécié l’empathie de l’auteur pour ses personnages (non véreux), la progression dans son désir de comprendre les tenants et les aboutissants. Il est flagrant que derrière ce roman un long travail de recherche a été mené, et c’est tout à son honneur.
Entre roman et documentaire, parfois la limite est cependant floue, mais je ne vais pas m’en plaindre. Loin de là.
Je regrette une chose cependant, que le curseur soit un peu trop resté sur Raoul Sarkis, le personnage malhonnête qui évolue dans le microcosme festif et parisien. Il m’aurait été agréable d’accompagner davantage les producteurs de la louve dans leur quotidien, que les relations entre les plantes, les rôles multiples que chaque espèce joue au coeur de l’écosystème nous soient contés aussi.
J’aurais aimé que La louve soit l’occasion d’expliciter ce que sont la permaculture et l’agroforesterie.
Toutefois, il m’est force de reconnaître que pour un premier roman, le sujet choisi et le courage de son auteur m’ont beaucoup plu, et j’espère que d’autres publications s’ensuivront dans la même veine.