Résumé éditeur
(1) Dans une lettre laissée à sa fille après sa mort, Yukiko, une survivante de la bombe atomique, évoque les épisodes de son enfance et de son adolescence auprès de ses parents, d’abord à Tokyo puis à Nagasaki. Elle reconstitue le puzzle d’une vie familiale marquée par les mensonges d’un père qui l’ont poussée à commettre un meurtre.
Obéissant à une mécanique implacable qui mêle vie et Histoire, ce court premier roman marie le lourd parfum des camélias (tsubaki) à celui du cyanure. Sans céder au cynisme et avec un soupçon de bouddhisme, il rappelle douloureusement que nul n’échappe à son destin.
(2) Deux petits enfants de Tokyo, Yukio et Yukiko, scellent un pacte de fidélité en inscrivant leurs noms à l’intérieur d’une palourde, comme un serment d’amour éternel. Devenus adolescents, ils se retrouvent à Nagasaki sans se reconnaître ; les sentiments qui les habitent désormais, qui les troublent profondément, leur seraient-ils interdits ?
Aux dernières heures de sa vie, la mère de Yukio cherchera à ouvrir les yeux de son fils en lui remettant ce coquillage sorti du tiroir de l’oubli.
(3) Lors du tremblement de terre de 1923, qui a dévasté la région du Kanto et entraîné plus de cent quarante mille morts, la Coréenne Yonhi Kim devient, question de survie, la Japonaise Mariko Kanazawa. A la fin de sa vie, alors qu’elle est veuve, mère d’un chimiste et grand-mère de trois petits-enfants, le mystère de sa naissance lui est dévoilé : le prêtre catholique qui l’avait recueillie dans son église lors du tremblement de terre, surnommé monsieur Tsubame, était-il l’instrument du destin qui a permis à cette hirondelle de s’élancer hors du nid ?
(4) Je réfléchis à l’histoire de mes parents, que le bonze m’a racontée. Au début, j’ai été choquée, mais, à mesure que j’y pense, j’ai le sentiment qu’ils étaient simplement les victimes d’une tradition familiale. Pour mon père, ce fut une humiliation de se savoir stérile. Et pour ma mère, ce fut une catastrophe de ne pas pouvoir tomber enceinte et d’être jugée stérile à la place de mon père.
(5) La saison des lucioles s’est terminée.
Nos rendez-vous secrets se poursuivaient. Personne ne savait ce qui se passait entre nous. Monsieur Horibe venait toutes les semaines chez moi après le coucher du soleil et partait peu avant minuit, sans exception. A chaque rencontre, il me caressait doucement et longtemps, comme la première fois. Il me répétait : « Tu es tellement sensuelle ! » Peu à peu, je m’éveillais à la sexualité. Je ne pouvais plus faire ma vie sans lui.
J’aurais bien voulu rester en sa compagnie tout le temps, mais je ne savais même pas où il habitait.
(1) (2) (3) (4) ★★★★☆ Lecture agréable, fort plaisante
(5) ★★★☆☆ J’ai un peu aimé.
Critique
(1) Tsubaki est un roman particulier à la fois universel et intimiste.
En une heure, il est lu, tant le nombre de pages est réduit ; son style d’ailleurs participe à la rapidité de lecture. de courtes phrases, une écriture épurée et descriptive (actions, intérieurs…) apportent un charme minimaliste (normal on est au Japon) à ce petit roman, premier ouvrage d’une série de cinq volumes.
Grande histoire (subtilement analysée par la grand mère ) et vie familiale lourde de secrets s’entortillent dans ce tome 1.
J’ai énormément apprécié le rendu de la société japonaise en 39.45, un peu moins le secret que j’ai trouvé banal (à force de lire c’est normal ). Reste ce charme in situ asiatique, tranquille et sage, qui ne peut que me donner envie de poursuivre la saga. A suivre donc….
(2) Changement de projecteur sur l’histoire de Yukio et Yukiko dans ce qui est toujours à la fois une intrigue sociale, familiale, historique et sensuelle.
Deux hamaguri (palourdes en japonais) sont un peu le fil conducteur de ce deuxième très court tome qui m’a portée cette fois encore grâce à la délicatesse du texte (comme si chaque mot avant d’être posé sur le papier avait été longuement soupesé, évalué, regardé, écouté…), et par la finesse de description des personnages (pourtant en bien peu de mots d’où la force d’écriture) .
S’opposent ici et maintenant les figures mutiques lourdes du poids des secrets, et celles de ceux qui sont avides de trouver du sens à leur quête.
Cette fois, c’est le personnage masculin central qui se raconte dans un roman très doux et profondément triste, comme tendu par le fil de la solitude.
Evidemment, faire raconter la « même » histoire par des antagonistes différents amène de nouvelles pierres à l’édifice, soulevant peu à peu de nombreux points irrésolus jusque-là. Le voile se soulève peu à peu, alors que le Kotokotokoto…des coquillages qui s’agitent dans notre mémoire de lecteur-trice résonnent pour longtemps à notre esprit.
(3) Les hirondelles (tsubame en japonais), qui sont l’élément métaphorique de ce troisième ouvrage de la première pentalogie de Aki Shimazaki (pentalogie = oeuvre littéraire, cinématographique… en cinq volets, et en plus on apprend des mots nouveaux à écrire des critiques !) nous transportent avec subtilité du passé au présent, du présent au passé.
Une partie de l’intrigue se porte sur les événements qui ont suivi le tremblement de terre du nord est du Japon de 1923, et plus précisément les exactions commises par certains japonais à l’égard des ressortissants coréens.
Toujours mené à la première personne, très simplement par la structure des phrases et le lexique choisi, ce texte nous montre qu’on n’en a pas fini avec les méfaits d’humains à l’encontre d’autres humains, même au pays de la zénitude.
(4) Chacun des cinq petits livres de cette pentalogie sont si petits qu’ils pourraient se cacher subrepticement sur l’herbe du jardin ; les fleurs, insectes, oiseaux, etc… qui sont très délicatement représentés sur chacune des pages de couverture nous invitent à pénétrer dans l’art du zen transparaissant dans l’amour que porte le Japon au vivant.
Le quatrième livre ne déroge pas à la règle, avec Wasunegura. Ce sont les fleurs de myosotis qui sont à l’honneur, et toujours un personnage qui se raconte, donnant ainsi une énième version de l’histoire de départ, la complétant aussi.
Les phrases sont souvent courtes comme des haïkus, et c’est très plaisant à suivre.
Notre respiration de lecteur y est comme facilitée….
C’est le sort cruel qui a été réservé aux chrétiens japonais qui est ici narré, ainsi que le poids écrasant des conventions sociales rendant plus explicite encore la souffrance des personnages, et les non-dits.
Dommage que la fin de chaque ouvrage soit l’occasion d’une gigantesque révélation concernant l’origine biologique du narrateur, à force ça fait beaucoup de révélations qui se ressemblent. Pourquoi se sentir obligée de dévoiler des secrets de famille à chaque coin de livre ?
(5) Avec Hotaru (luciole en japonais), le cycle le poids des secrets s’achève.
Il en fallait cinq pour faire une pentalogie.
C’est fait !
Le dialogue qui est le coeur du texte entre Mariko, la grand-mère, et et Tsubaki, sa tendre petite fille n’amène rien de nouveau en terme d’intrigue.
Pas de révélation, pas d’approfondissement intimiste, comme l’auteure en avait pris l’habitude dans ses quatre précédents tomes.
Certes, l’innocence des jeunes filles (on peut dire « la bêtise ») est bien racontée, mais le tout demeure un peu superficiel, et même si la douceur stylistique d’Aki Shimazaki reste présente, cela n’a pas suffi à m’emporter au pays des lecteurs/trices heureux.