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Oscar et la dame rose de Eric-Emmanuel Schmitt – Juste lire, par Agnès

Oscar et la dame rose de Eric-Emmanuel Schmitt

Résumé éditeur

Voici les lettres adressées à Dieu par un enfant de dix ans. Elles ont été retrouvées par Mamie Rose, la « dame rose » qui vient lui rendre visite à l’hôpital pour enfants. Elles décrivent douze jours de la vie d’Oscar, douze jours cocasses et poétiques, douze jours pleins de personnages drôles et émouvants. Ces douze jours seront peut-être les douze derniers. Mais, grâce à Mamie Rose qui noue avec Oscar un très fort lien d’amour, ces douze jours deviendront légende

Oscar a dix ans et il vit à l’hôpital. Même si personne n’ose le lui dire, il sait qu’il va mourir. La dame rose, qui le visite et « qui croit au ciel », lui propose, pour qu’il se sente moins seul, d’écrire à Dieu.

★★☆☆☆ Bof ! Je n’ai pas vraiment apprécié ce livre.

Critique

Il est parfois difficile de croire au hasard.
Cela faisait très longtemps que je cherchais sans succès ce petit livre chez les bouquinistes, à la médiathèque.
Que nenni ! Ça commençait à m’agacer sérieusement. Comme quelque chose qui vous résiste.

Et puis me voici à plusieurs centaines de kilomètres de chez moi, arrivant dans une location pour quelques jours de vacances, le propriétaire, les clefs encore à la main, nous explique le fonctionnement des appareils ménagers et audiovisuels.

Mais, comme à l’école autrefois, je ne l’entends plus, mon regard ne peut se décoler de la petite rangée de livres posés en haut de la bibliothèque.
Je suis encore debout, mon sac sur l’épaule, « alors pour la wifi, il y a deux possibilités…. », mais LE livre est là qui m’appelle, c’est « Oscar et la dame rose », je l’ai immédiatement repéré, le premier ouvrage de la rangée. Je souris et mon entourage se dit  » Tiens, l’appartement lui plait « .

Je les laisse descendre au garage (très important le bip du garage ! ) pendant que je m’affale dans le siège moletonné d’Ikea, le livre à la main. Cest ça les vacances !

Avec Schmitt, c’est plutôt facile de plonger dans ses écrits, car comme toujours avec lui, une part belle est faite aux dialogues.

Ici, ca frise le pompon, car le texte est un ensemble de lettres et d’échanges  » pensé / écrits  » à la première personne par un enfant de 10 ans. Le tout s’inscrit donc dans un registre plus que familier, comme si ça allait donner un coup de jeune au livre.

Voici quelques exemples de ce qu’on nomme, « littérature francaise » aujourd’hui : « merde » p14, « bouge toi le cul » p14, (Vieilles pensées) « qui puent » p20, « faut pas déconner p21 », etc, etc….
Non, je ne suis pas une vieille prof de lettres aigrie
ou réac !
Je ne suis pas prof de lettres du tout.

Mais, je pense simplement qu’on peut exprimer maintes émotions et ressentis par écrit sans multiplier les vulgarités, et même si on a envie de toucher (aussi) un public de jeunes.

Par ailleurs, j’ai bien compris que le personnage principal, gravement malade, est très très en colère.
Hôpital, cancer, chimiothérapie….
Il pense par ailleurs que ses parents sont « deux crétins qui ont l’intelligence d’un sac-poubelle ».
C’est profond ça comme réflexion.

Donc, sous couvert de détresse morale et physique, cette révolte contre l’impensable (mourir à 10 ans) ne pourra être apaisée qu’en répondant à la question qui taraude l’auteur depuis de nombreux livres ( n’oublions pas qu’il est agrégé de philosophie, mais pas de théologie ) : La vie, la Foi, la mort et Dieu, à qui, à quoi peut – on se fier réellement ?

Il en a fait ses choux gras depuis bien longtemps, et ici, le sujet de cet enfant leucémique révolté en fin de vie, soutenu par une « mamie-rose » croyante, c’est LE sujet idéal.
 » Et Dieu (qu’il confond d’ailleurs avec Jésus) dans tout cas ?
C’est qui, c’est quoi  » c’est où ?  »
La vie, le bonheur, ça sert à quoi ? A qui ? etc…

Je vous laisse lire ce qu’a écrit Oscar à propos du « drôle de cadeau » qu’est la vie.
C’est page 97.

Oui, je suis un peu acide, mais avoir passé une agrégation de philosophie pour écrire ÇA, il y a de quoi frémir.

Et puis, il y a encore une autre chose qui me dérange profondément dans Oscar et la dame rose ; c’est l’humour particulier utilisé par Schmitt / Oscar pour décrire les enfants malades du service.
Il y a donc « Bacon » le grand brûlé, « Einstein » celui dont la tête a doublé de volume pour cause d’hydrocéphalie, « Pop corn » celui qui pèse 98 kilos à 9 ans et qui ne peut s’habiller que dans un sweat-shirt de polo (américain) dont les « rayures ont le mal de mer » tant il est gros.

Je l’avoue, je n’ai pas apprécié le ton proche du conte donné à cette histoire. On dira que j’ai été imperméable.

Pour info, Monsieur Schitt toutes ces pathologies ne se mélangent jamais dans le même service, et même dans la bouche d’un enfant en fin de vie, ce n’est pas drôle du tout.

Parole de mère qui a pas mal fréquenté ces services-là, et qui pense qu’on ne peut pas rire de tout.

Parole d’enseignante qui a travaillé dans un centre d’enfants gravement handicapés ; car je me souviens que seuls le respect et la bienveillance coexistaient entre ces enfants, parce que leurs souffrances individuelles leur permettaient probablement de développer une forme d’empathie entre eux.

Je ne me rappelle plus pourquoi je voulais ABSOLUMENT lire ce livre.
Probablement trop de bouches à mon oreille !

Il aurait été plus serein d’aller visiter le garage du sous sol avec le bip électrique ; j’aurais été moins agacée. Je crois que c’était mon dernier livre d’EE Schmitt que je lis, car nous n’avons décidément pas le même rapport à la maladie, à la mort, et au reste.

 

 

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