Résumé éditeur :
Les histoires de patients d’un psy vu par un trou de souris
» Comme presque tous les patients, il commence sa première séance par « Je ne sais pas par où commencer. » »
Qui n’a jamais rêvé de lorgner par le trou de la serrure à la porte d’un psy ? Ecouter la vie des uns, les histoires parfois cocasses des autres, les échanges et les réponses s’il y en a.
Le narrateur, » le psy « , partage son temps entre l’hôpital, son cabinet et le reste de sa vie. Comme un journal intime, il nous raconte par épisodes, ses patients, son quotidien, ses doutes et ses propres fêlures.
On y croise ce père devenu alcoolique au départ de son fils en Syrie ou cette mère qui n’arrive pas à couper le cordon avec son fils de 30 ans ; des amis qui l’invitent » un peu aussi parce qu’il est l’ami qui est psy » ; son propre psy qui le recadre sans ménagement ; ses collègues potaches qui rebaptisent la moitié des troubles mentaux.
On y croise CD, la cardiologue, avec qui il passe ses dimanches de garde et qui se bat, elle-aussi, contre ses propres démons.
Et puis il y a cette vielle dame, au demeurant charmante, qui menace de se jeter du rez-de-chaussée…
★★★★☆ Lecture agréable, fort plaisante.
Avis :
On ne quitte pas aisément certains personnages romanesques, lorsque la dernière page des livres qui leur avaient donné vie se ferme. Le docteur Olivier Rougier, « le psy » a été créé par la plume de Bruno Boniface, psychiatre lui-même.
Qui ai-je eu le plus de mal à quitter des deux ?
Je me le demande d’autant plus que j’ai longtemps cru que les chapitres relatant chacun une rencontre entre un patient et son médecin s’étaient réellement déroulés.
Quelle surprise de découvrir en fin de lecture que ces courtes chroniques psychiatriques sont des pures fictions d’écrivain. C’est dire combien le rythme et le ton utilisés dans ce roman d’un psy qui parle d’un autre psy m’ont semblé plus vrais que natures.
Toutes ces histoires, toutes ses névroses, toutes ces psychoses et autres pathologies son passées au prisme de la littérature avec réussite grâce à une écriture très agréable, tantôt précise, tantôt poétique, tantôt drôle.
Certains auteurs pourraient en prendre de la graine.
Beaucoup de titres de livres commencent par « La vieille dame qui… » où « Le vieux qui… ». Drôle de mode.
Ici, cela n’a que peu d’importance car le vrai héros c’est le psy, et derrière lui les autres soignants. Certains se battent contre de gros démons, les leurs, mais Bruno Boniface nous les décrit tous comme hyper professionnels, et proches de leurs patients. Quand je vous disais que c’est une histoire ! Mais que j’ai beaucoup aimée…
Ces fragments de vie imaginaires puisent sûrement leur source à des événements réels, « arrivés à l’oreille d’un psychiatre parce que survenus à un moment particulier d’une vie, au profit d’une fragilité passagère ou d’une vulnérabilité plus constante » / page 193.
« La vieille dame qui voulait se jeter du rez-de-chaussée » vient nous raconter la compassion et la tendresse à l’égard de notre condition d’humains, qu’on soit patient ou qu’on soit docteur, et ça réjouit le cœur.
À mi-chemin entre « Dans la tête de ma psy : Et comment choisir le sien » de la doctoresse Sylvie Wieviorka et « En attendant Bojangles » d’Olivier Bourdeaut, ces récits de fêlures constituent notre identité et m’ont régalée.
Merci à Babelio et aux éditions Ateliers Henry Dougier pour ce petit bijou que je voulais lire depuis bien longtemps.