Résumé éditeur
C’est une région de montagnes et de forêts, dans un massif qu’on dit Central mais que les routes nationales semblent éviter. Un homme venu de loin incendie la ferme dans laquelle il espérait un jour voir jouer ses enfants, puis il disparaît dans les bois. La rumeur trouble bientôt l’hiver : un rôdeur hante les lieux et mettrait en péril l’ordre ancien du pays. Les gens du coin passent de la circonspection à la franche hostilité, à l’exception d’une jeune femme nouvellement arrivée, qui le recueille.
Mais personne n’est le bienvenu s’il n’est pas né ici.
Écorces vives est construit sur une tension souterraine, un entrelacs de préjugés définitifs et de rancœurs séculaires. De ce roman noir qui est aussi fable sociale, western rural, hommage aux âmes mélancoliques et révoltées, sourd une menace : il faut se méfier de la terre qui dort.
★★★☆☆ J’ai un peu aimé.
Critique
Qu’est-ce qui peut bien avoir brisé les âmes et les corps rencontrés dans Écorces vives d’Alexandre Lenot ? Tous leurs souvenirs et tous leurs travers n’auront de cesse de se frotter aux bois et aux rochers antédiluviens de ce centre de la France sauvage et hostile, sous les regards souvent froids et pierreux des autochtones. Avec en toile de fond une dénonciation des vies volées pour ceux qui travaillent loin de la nature, les vents et les dessins du ciel ponctuent sans cesse un texte abrupt, et conjuguent l’action, entre portrait d’un monde agricole inhumain et description d’actifs à la dérive.
Le chuintement du vent, le froid mordant des immensités forestières auront – ils raison des quatre tristes vies de ce roman ? Elles qui se croisent, se heurtent d’avoir dû tant se plier : Éli, Louise, Laurentin et Lisons… autant de personnages mystérieux pour le lecteur ; car ils ne se dévoilent que très succinctement au travers d’infimes détours et de quelques souvenirs apportés par le vent, la nature et la faune.
Autant de prénoms en « l » portés par les « ailes » du désir de tenir coûte que coûte, de ne pas rester écrasé(e) voir pétrifié(e) par leurs désespoirs. Ce premier roman dessine avec style ceux qui ont mis leur passé douloureux à distance, pendant que du fond de la vallée grandissent les colères contre des actes inexpliqués provenant des hauteurs. Qui sont les Apaches ? Qui sont ceux qui laissent par tous les lieux leurs messages rouges ?
Hélas, malgré cette question à résoudre, il ne se passe pas grand chose dans ce roman (en quelque sorte un NATURE WRITING à la française) hormis la montée tectonique de toutes les tristesses et des colères réunies. Actions anciennes, intensions… l’auteur excelle à nous en dévoiler le minimum, mettant toute sa verve dans son style écrit, fouillé, travaillé avec grand soin pour décrire les ambiances intérieures et les ressentis de chacun.
J’y ai parfaitement vu s’afficher sous mes yeux le film de ce récit, mais j’ai malgré tout trouvé l’intrigue trop mince et reproche à l’écriture un manque d’ancrage dans le réel.
Cependant, si vous aimez les textes sombres, les écritures très travaillées, le style littéraire du NATURE WRITING alliant déambulations et contemplations, ce country-movie devrait vous satisfaire.
Tous les goûts sont dans la lecture.