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L’épidémie de Asa ericsdotter – Juste lire, par Agnès

L’épidémie de Asa ericsdotter

Résumé éditeur :

Le politicien Johan Svärd a pris le pouvoir grâce à une victoire électorale historique. Sa promesse de campagne : éradiquer l’obésité.

Le jeune chercheur Landon Thomson-Jaeger voit alors sa copine tomber petit à petit dans l’anorexie, et les églises se transformer une à une en centres de santé.

C’est en essayant d’échapper à la propagande qu’il rencontre Helena, qui vient de perdre son emploi car les infirmières ayant de l’embonpoint ont, selon le Parti, une influence néfaste sur les patients.

Le Parti de la Santé est prêt à tout pour faire disparaître l’obésité. D’ailleurs, où sont passés les obèses ?

Quand Helena disparaît à son tour, Landon part à sa recherche et fait sur son chemin des découvertes qui font froid dans le dos… que se passe-t-il dans les « camps pour obèses » du Parti, et jusqu’où iront les contrôles ?

★★★☆☆ J’ai un peu aimé.

Critique :

Ce roman suédois publié dans l’excellente collection Actes noirs des Éditions ACTES SUD est sorti en France peu avant le confinement. Son titre n’évoque pourtant pas l’épidémie virale, mais l’épidémie mondiale d’obésité en mettant en scène une intrigue se déroulant en Suède. Un parti politique y a pris le pouvoir en promouvant l’absolue nécessité de faire maigrir les personnes « trop » fortes.

Ce premier livre d’Asa Ericsdotter traduit en France est sensé proposer une réflexion sur notre façon de percevoir l’autre dans sa différence et la capacité de nos démocraties à résister à la montée de l’intolérance.

En effet, subrepticement, le régime politique du parti de la santé devient « le couvre – feu des personnes obèses » et fait aussi le lit à celles qui acceptent des pertes de poids toujours plus conséquentes pour préserver leur emploi et leur logement.

L’argument le plus retentissant entendu dans le pays étant que les soins liés à l’obésité coûtent trop chers à l’état. « Les gros sont des paresseux qui bouffent le budget de l’état avec leurs maladies de gros » .
C’est évidemment l’antipathie générale pour les obèses qui se révèlera la condition sine qua non pour que le plan machiavélique du premier ministre suédois puisse fonctionner.
Ça ne vous rappelle rien ?
Accrochez – vous car vous n’avez encore rien vu !

Peu à peu, ce parti devient une idéologie et derrière l’image d’une  » Suède forte et saine » qui refuse que le trou des dépenses de santé se grève, on comprend vite que « ce n’est pas le parti le problème, c’est ses convictions » qui ont généré une nouvelle société basée sur la surveillance et le contrôle. Sur l’intolérance et le rejet.

Cette propagande de la haine a pris de l’ampleur avec une rapidité déconcertante. La manipulation médiatique aux mains du pouvoirs et les fakes news servent ainsi le machiavélique projet.

Asa Ericsdotter sait raconter les histoires, c’est indéniable. Sa construction classique voit quelques personnages (peu nombreux) avancer en se croisant, s’épaulant, s’opposant. On les suit presqu’au jour le jour.

Son sujet est passionnant, mais si je viens d’écrire juste avant « est sensé proposer une réflexion sur notre façon de percevoir l’autre dans sa différence… » c’est parce que j’ai trouvé dès le début qu’il lui manquait un souffle, un supplément d’âme avec, par exemple des personnages supplémentaires et surtout un chouia de matière réflexive dans les échanges ou les descriptions.

J’ai regretté un démarrage un peu mou, une première partie longue, redondante, contenant des monologues intérieurs et des dialogues répétitifs, voire creux parfois.
De plus, ce qui fait le suspens de ce récit m’a paru trop gros (excusez !). Je n’ai pas pu croire que la population ne s’inquiète pas des disparitions soudaines et si massives.

La fin est certes trépidante, j’ai tourné fiévreusement les pages pour savoir comment tout cela allait se terminer. Quelle voie choisissait l’auteure.
Mais, du début à la fin, l’introspection sociétale a fait défaut.

Car attention, la haine, ce cafard indestructible, est une idéologie qui ne disparaît jamais vraiment. C’est pourquoi « L’épidémie » aurait dû être traitée autrement.

Demain, (ou déjà ?!), la haine peut prendre n’importe quel autre visage et il faut donc comprendre mieux comment l’homme peut se transformer si vite en LOUP pour son voisin. Ce roman est passé à côté de ce processus (très humain). Quel dommage !

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