Résumé éditeur
Avec le tome I du Maus d’Art Spiegelman, les lecteurs avaient fait la connaissance de Vladek Spiegelman, Juif polonais rescapé des camps de la mort, et de son fils, Art, dessinateur aux prises avec son père. Le terrifiant parcours de ce dernier et l’Histoire elle-même s’y conjuguaient déjà. Cette suite tant attendue, toujours en BD, dont les personnages ont des têtes d’animaux – les Juifs sont des souris, les Nazis des chats -, nous conduit des baraquements d’Auschwitz aux bungalows des monts Catskill, dans l’Etat de New York. Bestiaire insolite, qui nous ôte brutalement le plus vague sentiment de familiarité, Maus exprime l’indicible sans sombrer dans le grotesque. En deux temps – les années 75-80, cadre temporel de ses conversations avec Vladek et, en flashback, les années 30-40, époque des événements racontés – Spiegelman dessine la mémoire. Drame en cinq actes, pour une double survie : celle du père, mais aussi celle du fils qui se débat pour survivre au survivant. Une épopée en bulles.
★★★★★ Que du bonheur !
Critique
Maus 2 Et c’est là que les ennuis ont commencé est la suite de Maus Mon père saigne l’histoire, BD dont les personnages ont des têtes d’animaux. Ce volume 2 nous plonge au cœur de l’innommable Holocauste avec moults détails, tous rapportés par Vladek, le père rescapé des camps à son fils dessinateur New-yorkais.
Mais tout cela est très digne, sobre, sans pathos.
Les conversations appuyées entre le père et le fils donnent une tonalité très particulière à cette biographie familiale tout à fait unique. Quand Spiegelman trace sur son papier les dessins noirs et gris de la mémoire de ce qu’une minorité de psychopathes a fait subir à des millions d’humains, le crime de masse prend alors un autre visage.
Celui du dessin où tout est relaté.
Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas, et qu’on peut oublier ou en parler moins.
Mais cette BD c’est bien plus encore, car l’auteur nous y dit aussi, d’une bulle à l’autre :
– comment les descendants de ce génocide qui portent en eux cette douleur incommensurable peuvent-ils y survivre
– de quelle manière est-il possible de mettre en lien le caractère maniaque, avare, égocentrique du père rescapé et la terreur, la faim qu’il a vécues
– pourquoi est-il devenu cet être parfois raciste et intolérant, lui qui a été si courageux et victime de l’intolérance
– etc…..
Au final, » Maus est un livre que l’on ne referme pas, même pour dormir. Lorsque deux des souris parlent d’amour, on est ému, lorsqu’elles souffrent, on pleure. » Umberto ECO.
Ce livre est un monument dédié au souvenir.