Résumé éditeur
Quand il faut évoquer la mort, nous savons que… nous ne savons rien. Quand il nous faut parler des morts de notre vie – qui vivent encore en nous, habitent notre cœur -, les mots nous manquent. De cette perte, de la mort même, nous préférons ne pas parler. Et pourtant, les absents n’en finissent pas d’être présents. Nous en sommes les gardiens fidèles. À travers les entretiens qu’elles ont accordés à Damien Le Guay et Jean-Philippe de Tonnac, sept personnalités acceptent ici de témoigner. Juliette Binoche, Christian Bobin, Catherine Clément, Philippe Labro, Daniel Mesguich, Edgar Morin et Amélie Nothomb nous livrent avec profondeur et générosité leurs sentiments intimes, leurs croyances ou leur incroyance, leur philosophie de la vie. Au-delà des chagrins, des douleurs, ils disent tous le lien vital qui les relie à leurs morts – les morts de leur vie. L’extraordinaire diversité de ces paroles nous invite au partage pour être plus vivants.
★★★★★ Que du bonheur !
Critique
Quoiqu’on en dise, la mort, thème omniprésent en littérature, comme dans les autres arts, fait intimement partie de nos vies.
Cependant, quand il faut parler de nos disparus, de leur présence qui nous habite longtemps après leur départ, les mots nous manquent.
Quelle bonne idée donc que ce choix d’entretiens avec sept célébrités sur les morts de leur vie.
Rien de glauque, macabre ou gothique dans Les morts de notre vie. Bien au contraire !
Ce livre, original, est, selon moi, une vraie réussite, tant par son fond que sa forme.
Ses auteurs sont deux essayistes (dont l’un est président du Comité national d’éthique) et ils ont mené, avec beaucoup d’empathie et de finesse, des échanges sur ce sujet bien difficile, voire tabou.
Leurs questions s’articulent donc autour du deuil, des rites, du souvenir, de la reconstruction…. le tout étant propre à chaque personnalité rencontrée.
C’est par la revue trimestrielle (gratuite) ALBIN MICHEL » L’homme en question » que j’ai été mise au courant de cette publication.
Le texte de ce livre n’a évidemment aucunement à pâtir d’un quelconque voyeurisme, pathos, ou que sais-je encore d’indélicat, tant du côté des questions que des réponses données par des écrivains ( Catherine Clément, Philippe Labro, Amélie Nothomb), un poète (Christian Bobin), des acteurs (Juliette Binoche, Daniel Mesguich), un philosophe (Edgar Morin).
» La mort, en nous blessant, nous met aussi au monde « , si l’on veut bien lâcher nos morts et les laisser partir.
En paix.
On découvre, entre autres choses, le séjour chamanique initiatique en Amazonie d’Amélie Nothomb, comment le mensonge sur la mort d’un parent peut prédestiner une vocation (Edgar Morin), l’importance de « la richesse des rites de mort pour ceux qui en sont acteurs » (C.Clément), la puissance de résurrection de l’écriture pour C.Bobin, etc…..
Au-delà du travail qui s’opère en nous grâce à cette lecture à la fois facile et riche, c’est aussi l’occasion de connaître mieux ces acteurs de la vie culturelle française. Pour ma part, mes chouchous sont Christian Bobin et Juliette Binoche, mais ce que j’ai lu pour les autres m’a tout autant touchée.
Oui, leurs mots, sincères et intelligents, mais aussi les lectures et les musiques évoquées au cours de leurs témoignages, viennent nourrir notre curiosité et nous parlent de la Vie avec un grand V, et avec beaucoup de philosophie.