Repose-toi sur moi de Serge JONCOUR

Résumé éditeur

Aurore est styliste et mère de famille. Ludovic est un ancien agriculteur reconverti dans le recouvrement de dettes. Ils partagent la cour de leur immeuble parisien et se rencontrent car des corbeaux s’y sont installés. Leurs divergences pour régler ce problème les mènent à l’affrontement mais ils finissent par apprendre à se connaître.

★★★★☆ Lecture agréable, fort plaisante

Critique

J’ai beaucoup aimé l’histoire d’amour improbable entre Ludovic, l’homme à la force tranquille qui se croit libre (mais qui l’est vraiment ?) et Aurore la mère de famille working girl submergée par son quotidien et la pression économique permanente.
Les corbeaux, comme un présage planant au-dessus de la cour de l’immeuble, ne sont qu’un prétexte au récit d’une jolie rencontre qui nous dit que tout est instable, toujours, et qu’il faut tenter de garder son calme, car la menace serait partout.
Ce livre m’a intéressée pour tout ce qu’il traite en surface (une histoire d’adultère) et tout ce qu’il cache en profondeur, à savoir ce manque cruel de ponts entre les gens : les vignes de Mathilde et le domaine familial de Ludovic, la province et la capitale, la bourgeoisie du bâtiment A et les locataires du bâtiment d’en face, le salarié et le patron…

Pourquoi l’homme ne se définit-il trop souvent qu’à travers des oppositions, des contrastes qui lui offrent un semblant de communauté, mais à quel prix : le dédain de l’autre, la peur aussi… n’apportent-ils pas que des malentendus au final ?
Serge Joncour est un romancier de proximité, et c’est pour moi sa qualité première, car la psychologie des personnages est subtilement menée et décrite. Je n’en ai pas perdu une miette, j’ai été au plus près d’eux, car leurs gestes et leurs pensées intimes sont merveilleusement bien rendus, et c’est là le beau fil d’or qui tisse cette fiction contemporaine dans laquelle on peut tous se retrouver à un endroit ou à un autre.

Le style m’a parfois un (tout petit) peu déplu ; car à certains moments, je l’ai trouvé trop proche de l’oral, avec des phrases manquant de ponctuation, et trop longues, mais je dois reconnaître que j’ai été emportée par mon envie irrépressible de savoir comment tout cela se terminerait.
Et puis, quand même, son écriture pique le détail, nous amène le regard au plus près des gens, sans qu’aucune lourdeur ne nous dérange. Au contraire, j’ai été saisie par l’émotion et la sensibilité qui requinquent une fois le livre terminé.

Tel un Balzac du XXIème siècle, l’auteur nous donne à observer un monde fragile où chacun peut hélas basculer dans le fait divers, la grande pauvreté, la solitude extrême d’un jour à l’autre.
Reste (et c’est là le plus fort du livre pour moi) l’idée que seule la passion peut nous sauver. En dénouant les coeurs et les histoires, on peut ainsi oublier les chagrins et les regrets d’hier, les difficultés du quotidien, la peur des lendemains qui déchanteront peut-être. Ou pas.

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