LA PANTHERE DES NEIGES DE SYLVAIN TESSON

Résumé éditeur :

– Tesson ! Je poursuis une bête depuis six ans, dit Munier. Elle se cache sur les plateaux du Tibet. J’y retourne cet hiver, je t’emmène.
-Qui est-ce ?
-La panthère des neiges. Une ombre magnifique !
-Je pensais qu’elle avait disparue, dis-je.
-C’est ce qu’elle fait croire.

★★☆☆☆ Bof ! Je n’ai pas vraiment apprécié ce livre.

Critique :

C’est l’histoire vécue par deux hommes passionnés, un écrivain, un photographe, deux explorateurs qui chacun à leur manière parcourent le monde depuis des années pour en retrouver la beauté originelle.
Flanqués de deux amis supplémentaires, ils ont décidé d’aller observer aux confins du Tibet un animal légendaire, extrêmement rare, qui vit dans la poudre blanche, la panthère des neiges.

Sylvain Tesson, l’écrivain-explorateur nous embarque donc dans les bagages de son dernier voyage avec un livre qui est à la fois une quête spirituelle et un récit. Comme il a l’habitude de le faire.

Là-haut, entre altitude glaçante et froid extrême, les conditions de vie sont forcément à la limite du supportable. Les journées qu’il y a passé seront ensuite reprises, étayées dans des chapitres très courts. Heureusement, car son texte qui avance au fur et à mesure de la progression des chercheurs de LA panthère des neiges, fourmille d’informations, de descriptions, de ressentis, de pensées, d’analyses, jusqu’à plus soif (de neige fondue).

Je trouve toujours Monsieur TESSON agréable à écouter, j’ai adoré certains de ces anciens textes (Sibérie, Chemins noirs), d’autres moins. Celui-ci fait partie de la deuxième catégorie. Cette fois, j’ai en effet trouvé que ST, le roi des calembours et des aphorismes, s’est décidément montré polychrone.
Je m’explique…
Il est tout à la fois poète, géographe, écologiste, neuroscientifique, généticien, démographe, géomorphologue, conciliateur, philosophe, vocabuliste (« dégoiser », « escadres », « chamarrés de scrofules », « gloser », « paramécie », « l’inétendu », « lactescent »… je continue ?), agnotisque  (« Jésus, l’anarchiste crucifié »), et plus encore, le tout dans une érudition plus qu’impressionnante, écrasante.

Evidemment, tous ces attributs ne sont pas antinomiques, mais en si peu de pages, à mon goût, c’est trop.
Il faut faire des choix.

Même les attaques mordantes contre l’HOMME, sa place étouffante pour notre planète et la diversité biologique n’ont pas suffi, pour moi, à oublier cette accumulation de données qui pourtant ne montre aucune considération morale pour l’animal; chacun reste à sa place avec cette manie d’écrire « bête » pour « animal ».
« L’apparition d’une bête représente la plus belle récompense que la vie puisse offrir à l’amour de la vie » écrit-il.

Son ode aux « âges primordiaux où tout reposait sur la vibration des débuts », avec sa nostalgie du « grand démarrage » n’a pas eu d’écho en moi, tout comme les passages sur « l’annulation de soi », « l’oubli du reste ».
Cette fois, je n’y ai pas cru.

Il nous apprend la patience, aurait vu quatre fois une panthère des neiges.

L’attente fut longue pour lui, la lecture longue pour moi.

Enfin, dans « La panthère des neiges », même si je sais qu’il fait preuve de véracité, j’ai été fatiguée par son côté moralisateur, parce que je finis par ressentir un coup de blues à chaque sujet qu’il évoque, à cause de la forme qu’il donne à ses propos.
ST écrit très bien, mais le contenu de son livre tourne à la déprime, et la poésie s’enfuit alors sur les hauteurs de l’Himalaya.

Restent de jolies phrases comme :
« La préhistoire pleurait et chacune de ses larmes était un yack »,
« Le vent arrachait aux versants des dartres de neige »,
« Les versants se trient de veinures noires, coulées de l’encrier de Dieu qui aurait posé sa plume après l’écriture du monde »,

mais d’autres avec lesquelles je ne suis carrément pas d’accord comme :
«  la pédagogie qui ôte aux enfants la gaieté ».

On est sur d’une chose, Sylvain Tesson, assurément, n’est pas pédagogue !

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