La fête est finie de Olivier MAULIN

Résumé éditeur

Victor et Picot sont deux copains à la ramasse. Le premier passe ses journées vautré sur un canapé à écouter Bach ; le second enchaîne les petits boulots. Ils se retrouvent vigiles de nuit à Lagny-sur-Marne, chargés de veiller sur un parc de camping-cars avec deux chiens récupérés en hâte à la SPA. Mais les deux bras cassés s’endorment dans l’un des véhicules et celui-ci est volé. Ils se réveillent près de la frontière allemande et décident alors de s’installer dans un camping isolé d’une vallée alsacienne où ils font la rencontre d’une jeune fille et de son père, qui avec quelques amis du coin se préparent à l’effondrement de la société. Les deux compères se sentent très à l’aise dans leur nouvelle famille, mais voilà que le «progrès» pointe le bout de son nez dans la vallée : une décharge industrielle et un Center Parc de deux cents hectares menacent de s’implanter sur la lande. Et si la catastrophe attendue était déjà là?

★★★★★ Que du bonheur !

Critique

Il y avait très longtemps que je n’avais pas ri et m’étais autant amusée au cours d’une lecture. Et que c’est bon !

Dans La fête est finie, deux camarades moitié-Apache moitié-imbéciles (malgré tout assez sympathiques pour le lecteur/trice) sont obligés de quitter la capitale après avoir commis (à l’insu de leur plein gré) une méga bêtise. Ils se retrouvent alors dans un camping très abandonné à rencontrer un à un toute une bande d’écologistes révolutionnaires dépareillés et détonants.

Le tout formera une communauté amicale de personnes perdues pour la cause moderne qui se lavera dans l’eau des rivières, préférera la musique classique à la techno (surtout Bach), avec pour souhait premier la conservation de leur vallée adorée, car un terrible projet de construction d’un Center Parc viendra réveiller leur conscience et leur vivacité d’action.

Révolutionnaires à leur manière, dans une écriture humoristique à souhait, les héros de Maulin s’organisent et tapent partout où ça fait mal dans une comédie aussi loufoque qu’acide parce qu’elle passe au tamis notre époque et ses nombreuses contradictions. Ce livre est assurément à la fois grave et drôle.

Certes, son message est … « Oui à la décroissance non au pouvoir des lobbys et au conformisme moral et au gouvernement des collectivités non à la soumission à la loi des flux financiers, etc … » dans une ode à la liberté de chacun/e, liberté de pouvoir se saouler sous les étoiles, de se mettre nus sur la mousse (à deux c’est mieux) si ça nous chante… le tout baigné dans un humour corrosif et contagieux, ce qui donne vie à une guerre des gueux à la Fanfan la tulipe ou à la Zorro forcément désopilante.

En revisitant le geste des zadistes de Notre Dames des Landes, mais en ne ménageant pas non plus nombre de leurs travers, cette critique de la mondialisation chante aussi un amour inconditionnel de la nature qui fait chaud au cœur.

Dans cette dissidence existentielle, Maulin ne s’est pas contenté d’une critique des serial-bétonneurs « qui détruisent tout, les forêts, le passé, la beauté, le sens de la vie, la dignité des hommes, mais pleurnichent sur Palmyre plastiqué par les islamistes », il a composé une épopée amusante à souhait en lui ajoutant un brin de suspens, mais aussi une réflexion sur l’humanité et la solitude.

Ces sujets (très sérieux) avaient bien besoin d’une plume comme celle-ci capable de manier le sens de la dérision et de donner de l’ampleur à ce sujet délicat.
L’humour à chaque page, le style que j’ai adoré, les personnages inoubliables (ah !! Totor ! les chiens… le nain… et j’en passe) font de La fête est finie un petit bijou, un ovni qui est (heureusement) passé dans mon ciel de lectrice.

Mais derrière la comédie, le fond est très sérieux. On y apprend aussi plein de choses entre deux rigolades.
D’ailleurs, il est absolument, à un moment ou à un autre nécessaire de s’arrêter de rigoler, car après « la grande fête de la croissance, la fête du tourisme, des écrans plats et de la tour Eiffel illuminée » la fête est finie est bien finie, et c’est au travers de ces personnages hauts en couleur, dignes d’Astérix et d’Obélix contre les Romains qu’on nous le rappelle avec humour mais avec véhémence.

A bon entendeur … !

 

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