La classe hier, aujourd’hui, et demain de Philippe VEYRUNES

Résumé éditeur

En dépit des bouleversements du monde, la classe n’évolue pas, entend-on de tous côtés. Chaque jour ou presque, des incantations à l’innovation se font entendre. Cet ouvrage s’ouvre sur ces questions. Il les aborde sous l’angle des « formats pédagogiques » c’est-à-dire des dispositifs d’organisation du travail en classe, tels le cours magistral ou le cours dialogué. Comment ces formats pédagogiques sont-ils apparus ? Quelles sont les raisons de leur succès, de leur stabilité et de leur pérennité ? Quelle activité les enseignants et les élèves développent-ils au sein de ces dispositifs ? Quelle est leur efficacité vis-à-vis des apprentissages des élèves ? Comment, pourquoi et à quelles conditions pourrait-on envisager de les faire évoluer ou de les transformer ? Telles sont les questions auxquelles cet ouvrage ambitionne d’apporter des éléments de réponse et de réflexion. Il s’appuie sur des travaux conduits en sciences de l’éducation, en anthropologie cognitive et en ergonomie, mais aussi en histoire et en sociologie de l’éducation. Des extraits de la littérature viennent compléter les connaissances historiques sur la classe.

★★★★☆ Lecture agréable, fort plaisante.

Critique

Philippe Veyrunes, maître de conférences en Sciences de l’éducation à l’université de Toulouse, ancien enseignant puis formateur, nous propose une étude en histoire de l’éducation qui se révèle, de premier abord, à la fois passionnante et originale, car elle a pour objectif principal d’analyser la classe d’hier à aujourd’hui en termes d’activités.
Ce livre qui va au cœur de la pratique enseignante a ainsi pour ambition première de ramener l’attention des enseignants et de leurs formateurs sur les formats pédagogiques et sur leurs effets sur les élèves.

Dans la première partie de son ouvrage, son éclairage historique nous montre comment les transformations religieuses, économiques et techniques ont pesé sur la construction de la forme scolaire française et sur l’organisation actuelle de la classe.
C’est une partie qui m’a beaucoup plu, car on y découvre un nombre d’informations détonantes sur les dispositifs pédagogiques anciennement utilisés pour une immersion dans un monde scolaire qu’on a bien du mal à imaginer : mode d’enseignement individuel et successif (un enfant de chaque côté du maitre d’école), enseignement simultané (groupes de niveaux), mode d’enseignement mutuel (utilisation des élèves les plus avancés).

Philippe V. nous dit ainsi que si l’on adopte une vision de temps long, la III° république a stabilisé la forme scolaire actuellement dominante, celle d’un face-à-face entre un groupe d’élèves d’âge identique et un adulte. Ces choix étant liés à une volonté de développement de la scolarisation primaire, visant à répondre aux besoins accrus d’ouvriers et d’employés formés à la lecture, à l’écriture et au calcul.
En outre, le cours magistral, puis le cours magistral dialogué ont été, selon lui, les outils de formation des élites tout au long des XIX° et XX° siècles, ce dont je ne doute pas.

Dans la troisième partie, on s’intéresse au devenir de la classe et, plus largement, à celui de l’Ecole, et l’auteur porte alors un regard sur les obstacles aux transformations de la classe et particulièrement aux formats pédagogiques.
Il est regrettable cependant que ne soit pas plus fouillée la difficulté actuelle des enseignants d’être trop souvent éducateur de jeunes enfants plutôt que enseignant-pédagogue ! Et les nouveaux dispositifs n’y changent pas grand chose, selon moi.
Ces messieurs-mesdames de la recherche ont quitté
(« tiens ! tiens ! ») depuis trop longtemps le quotidien de la classe pour mesurer cela.
Bref … des propositions pédagogiques nous sont ensuite données, longuement analysées au préalable (dispositif « plus de maîtres que de classe », pédagogies coopératives, transformation des espaces scolaires, Technologies de l’information et de la communication – TIC…).
C’est un passage un peu fastidieux, et je trouve regrettable que ne soit pas abordé (non plus) le problème essentiel de la formation initiale (et continue) des enseignants français, question pourtant incontournable, ainsi que les disparités de budgets municipaux allouant les moyens aux écoles françaises publiques.

L’auteur ne reste jamais à la surface des choses, il plonge allégrement dans les actes pédagogiques à bras le corps, ce qui donne hélas, sur la fin, un texte, certes universitaire, mais quelque peu alambiqué pour les non-universitaires.
C’est dommage pour ce livre qui reste somme toute original en matière de questions d’éducation, et que j’ai eu le grand plaisir de recevoir dans le cadre d’une masse critique.

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