Chanson douce de Leïla SLIMANI

Résumé éditeur

Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l’affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu’au drame.

★★★☆☆ J’ai un peu aimé.

Critique

Chanson douce, fable tragique qui trouve son origine dans un fait divers américain survenu en 2012 explore un couple jusque-là négligé en littérature : celui formé par une mère et la nourrice à domicile de ses enfants.
Comme chacun(e) sait, ce court roman a apporté le Goncourt à son auteure, et selon moi, c’est plutôt mérité.
Sous un style sec et tranchant très agréable à lire, Leïla Slimani portraitiste ainsi la face sombre de notre époque, avec sa conception particulière de l’amour et de l’éducation, les rapports de domination et d’argent, les préjugés de classe ou de culture.
Enfin, et surtout, la solitude ordinaire.

Des éclats de poésie ténébreuse jaillissent de ça de là pour nous dire l’extrême misère affective et sociale dont on peut mourir à petit feu dans notre monde moderne, sans que personne ne le remarque.
C’est, je pense, le vrai drame de ce livre, avant la question du rapport mère / nounou, l’origine de ce drame me semblant se trouver dans la structure psychique induite autrefois par les proches de Louise.

Ce qui est également intéressant c’est que le curseur du suspense se construise autour de :
Comment en est-on arrivé là ?
Pourquoi Louise, la nounou a-t-elle connu cette dérive, si dérive il y a eu ?

On sent que la romancière a beaucoup d’empathie pour ses deux personnages féminins.
– pour Myriam, la mère qui veut tellement bien faire, tout en étant écartelée entre plusieurs désirs, comme le sont de très nombreuses mères
– pour la mystérieuse nounou qui vit dans une détresse extrême depuis toujours et se montre incapable de quérir de l’aide lorsqu’elle est au plus mal.

Ce roman interroge nettement la place de la femme dans notre société, dite féministe et montre l’isolement que la grande pauvreté provoque insidieusement ; mais c’est surtout un mal être psychologique évident qui caractérise la nourrice par un manque de confiance en soi, repli, évitement social, famille borderline …
Personne ne peut avancer sainement sans valorisation, sans chaleur, sans contact … sans chanson douce.
Ce livre nous le rappelle.

Voici donc le portrait croisé et hypnotisant, sorte de huit clos, d’une famille ordinaire au contact d’une  » âme lestée de cailloux ».
J’ai beaucoup apprécié cette lecture, mais je ne peux pas dire que j’ai été enthousiasmée.

 

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